Peu d’artistes ont marqué leur temps en aussi peu d’années. Dinu Lipatti, pianiste comme venu d’un autre monde, a parcouru la planète musique à la manière d’un météore. Ce Roumain d’origine, filleul de Georges Enescu, élève d’Alfred Cortot et de Nadia Boulanger mourut de la maladie de Hodgkin le 2 décembre 1950 à l’âge de 33 ans. Tout un symbole ! Il pratiquait le piano, ou plutôt tout simplement la musique, comme un saint assume sa destinée.
Il nous laisse un héritage discographique d’une beauté qui défie le temps et les modes. Cet héritage, constitué d’enregistrements de studio et de prises de concert en direct, nous est enfin restitué chez EMI sous la forme d’un coffret de sept CDs. Il s’agit d’une référence historique absolue. Bach transcendé, Chopin d’une suprême élégance de l’esprit, Scarlatti, Liszt, Ravel, Brahms (en duo avec Nadia Boulanger), des concertos de Schumann, Mozart, Grieg, Bach, Chopin, Bartók comme joués de l’intérieur, sans ostentation, vont directement à l’essentiel. Bouleversant témoignage d’un être d’exception, son ultime récital donné à Besançon dans les affres de la maladie, trois mois seulement avant sa mort, complète ce « must » absolu.