Disques

Le violoncelliste bondissant

L’allure d’un adolescent, regard malicieux, cheveux en pétard, Edgar Moreau a conquis tous les publics et tous ses collègues musiciens. Il a déjà remporté le Prix du jeune soliste au Concours Rostropovitch (il n’avait que 15 ans !), puis le deuxième prix du Concours international Tchaïkovski à 17 ans. Aujourd’hui, à 21 ans à peine, il parcourt le monde avec une apparente décontraction qui n’exclut en rien la passion.

« Play », son premier enregistrement de pages légères comme des bis de concert, a déjà consacré son statut d’artiste authentique. En 2013, Edgar Moreau est apparu pour la première fois à Toulouse dans le deuxième concerto de Chostakovitch, avec l’orchestre du Théâtre Mariinsky sous la direction de Valery Gergiev. Il a de nouveau été l’invité de la ville rose en novembre 2015. Sa maturité impressionne. Voici son deuxième enregistrement qui aborde une littérature nouvelle pour lui, celle du répertoire baroque.

A l’évidence, son travail avec Riccardo Minasi et son ensemble de musiciens « historiquement informés » Il Pomo d’Oro l’a convaincu à adopter un style de jeu parfaitement adapté à l’époque des concertos joués ici. Le programme se partage entre deux époques. Trois compositeurs caractérisent le répertoire baroque. Du plus célèbre d’entre eux, Antonio Vivaldi, Edgar Moreau joue l’un de ses vingt-sept concertos dédiés au violoncelle. Il en souligne l’invention mélodique et la grâce virtuose, joliment secondé par Il Pomo d’Oro, sans qu’aucun hiatus ne vienne s’immiscer entre les instruments baroques de l’ensemble et les cordes de son violoncelle moderne. Le même style, les mêmes conventions d’écriture nourrissent le concerto en ré majeur de Giovanni Benedetti Platti, abordé par le soliste avec la lumière de ses sonorités. Quant à Carlo Graziani, dont on connait peu de chose sur la première partie de la vie, il introduit dans son concerto en ut majeur des épisodes d’une grande virtuosité (doubles cordes, accords à trois ou quatre cordes) que le soliste assume crânement. Joseph Haydn et Luigi Boccherini représentent ici l’apothéose de la période classique. Du premier, Edgar Moreau exalte le très célèbre concerto en ut majeur. Le chant caractérise son jeu à la fois léger et dense. Il brille de mille feux, notamment dans l’Allegro molto final qu’il n’hésite pas à prendre dans un tempo vertigineux parfaitement tenu. Enfin, avec Boccherini, le jeune homme aborde l’un des plus doués des compositeurs-violoncellistes. Il assume pleinement le jeu « violonistique » que Boccherini s’amuse à écrire pour son instrument qui dialogue d’égal à égal avec le premier violon, tenu ici par Riccardo Minasi lui-même. La réussite est complète. Le titre de ce programme, « Giovincello » (« gamin » en italien) qui combine avec esprit la jeunesse (Giovin) et l’instrument (cello), caractérise bien le personnage dont on suivra avec intérêt la brillante carrière.

Partager

La séduisante saison 2025-2026 des Clefs de Saint-Pierre
Le 10 juin dernier les musiciens de l’Orchestre national du Capitole investis dans la nouvelle série des Clefs de Saint-Pierre et le président de l’association Internotes, Laurent Grégoire, ont dévoilé le riche contenu de cette 26ème saison.
Les Arts Renaissants : les belles rencontres de la saison 2025-2026
L’association toulousaine Les Arts Renaissants poursuit sa trajectoire d’exploration et de découverte d’un patrimoine musical d’une grande richesse.
Le concert exceptionnel de Musique au Palais
Ce dimanche 15 juin, l’association Musique au Palais organise un concert exceptionnel de musique de chambre dans le grand salon du Palais Niel.
« Passe ton Bach d’abord », improvisations et résurrection
La 17ème édition de Passe ton Bach d’abord, intitulée « À l’Improviste ! » vient de s’achever sur une triomphale présentation d’une troisième Passion que la plupart des auditeurs ont eu le bonheur de découvrir.
Le grand retour d’Adrienne Lecouvreur au Capitole de Toulouse
Un plateau royal pour conclure la saison 24/25 du Capitole
José Cura s’empare de Maurizio dans la reprise d’Adrienne Lecouvreur au Capitole
« Au Capitole, je suis sur une scène où le public aime encore le chant solaire et passionné à l’italienne » José Cura