Disques

Le violoncelle des origines

Il faut bien le reconnaître. Si Pau Casals (selon l’écriture catalane, et non Pablo, à l’espagnole !) n’est pas le seul grand violoncelliste de son temps, le rôle qu’il a joué pour la promotion de l’instrument et de son répertoire n’a pas d’équivalent. Chef d’orchestre et compositeur, le génial Catalan a également créé un orchestre qui porta son nom. La dignité de son comportement citoyen, son intransigeance vis-à-vis des régimes fascistes, et notamment celui de Franco, l’ont amené à fuir son propre pays.

 
Cette intransigeance se retrouve dans son tempérament d’interprète. La somme des enregistrements qu’il a effectués pour la firme His Master’s Voice paraît enfin dans un généreux coffret de 9 CD. Ses premiers enregistrements datent de 1926 (il s’agit du premier trio de Schubert), les derniers de 1955 (de réjouissantes sardanes). On y retrouve évidemment son historique exécution des six suites de Bach, qu’il fut le tout premier à enregistrer en 1939. Quatre des grands concertos du répertoire (Dvorak, Boccherini, Elgar et le double concerto de Brahms) figurent ici.

Néanmoins, l’essentiel y est consacré à la musique de chambre. Aux côtés de Casals sont réunis quelques uns des plus grands artistes de sa génération : les pianistes Alfred Cortot et Mieczyslaw Horszowski, le violoniste Jacques Thibaud. Le trio constitué Cortot-Thibaud-Casals illumine les trios de Haydn, de Beethoven (Ah, l’Archiduc !), de Schubert, de Mendelssohn, de Schumann… Ne cherchez pas ici la froide perfection technique. Casals et se ses compagnon savaient aller à l’essentiel. Et tant pis si ici ou là, l’un ou l’autre dérape un peu. On se retrouve toujours sur les hauteurs de l’expression. Voici une somme qui marque l’histoire de la musique.

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