Voici déjà vingt ans disparaissait l’un des pianistes les plus originaux, les plus talentueux de sa jeune génération. Youri Egorov, qui n’avait pas encore fêté son trente-quatrième anniversaire, meurt du SIDA le 16 avril 1988, quelques années seulement après des débuts éblouissants salués par la critique et le public unanimes. Ayant fui en 1977 l’URSS où il est né, il connait la gloire à la suite d’un mémorable récital new-yorkais, en 1978.
Il aborde ensuite tout le répertoire de piano qu’il interprète avec son approche personnelle et forte. EMI Classics réédite l’essentiel des enregistrements auxquels il a participé. Ce coffret de sept CDs constitue un portrait émouvant de cet artiste particulièrement attachant. Debussy y tient une place importante avec les deux livres des Préludes dont il exalte la poésie et l’imagination. Chopin et Schumann sont également très présents. Admirablement secondé par Wolfgang Sawallisch et le Philharmonia Orchestra il joue le 5ème concerto de Beethoven et les concertos n° 17 et 20 de Mozart. Saluons enfin la gravure de son fameux récital du 16 décembre 1978 au Carnegie Hall de New-York. Voici une somme artistique qui rend justice au talent foudroyé de l’un des grands pianistes du 20ème siècle pour lequel il ne sera pas possible de vérifier le bel aphorisme de Malherbe « Et les fruits passeront la promesse des fleurs… »