Réunir une distribution du Don Giovanni mozartien ayant une moyenne d’âge inférieure à 40 ans est une vraie prouesse. C’est celle accomplie par la DGG en 1997, en parallèle à une reprise de cet ouvrage au Teatro Comunale de Ferrare. Et c’est une réussite incontestable.
On y découvre la jeune basse Ildebrando D’Arcangelo en superbe Masetto. Il a alors 28 ans, c’est le benjamin et son timbre admirablement fruité fait merveille. Matti Salminen est le jeune vétéran de l’équipe, mais son Commandeur est volcanique. Deux magnifiques barytons s’affrontent en Don Giovanni et Leporello, ce sont Simon Keenlyside et Bryn Terfel. Le premier, avec son timbre clair et tranchant, est un aristocrate de haute lignée, le second, avec une voix plus grasse, est un valet d’une santé vocale stupéfiante. Dommage alors que l’Ottavio du ténor Uwe Heilmann, malgré une belle musicalité, témoigne d’un timbre pour le moins si peu agréable.
Côté dames, du beau monde avec Carmela Remigio, émouvante Anna, Soile Isokoski, Elvira pathétique et Patrizia Pace, délicieuse Zerlina.
Au pupitre du Chamber Orchestra of Europe, Claudio Abbado tente, parfois avec succès, de sortir cette partition de l’emprise romantique dans laquelle le 20ème siècle l’a contrainte.
Dans les versions récentes, voilà certainement la plus enthousiasmante.