Disques

Le beau dialogue

Réunis pour la première fois au disque, deux grands artistes russes établissent un dialogue auquel leurs origines et leurs tempéraments les destinaient. Vadim Repin, violoniste profond et intègre, homme tranquille, d’une grande simplicité et d’un contact chaleureux et direct possède une sonorité d’une richesse qui rappelle celle de ses grands « ancêtres » nationaux. Quant au pianiste virtuose Nikolaï Lugansky, son jeu précis, habile, nerveux, réactif est au service d’une intelligence et d’une sensibilité admirables.

 
Ils se rencontrent souvent en concert mais apparaissent là enfin dans un programme discographique révélateur de leurs talents respectifs et de l’adéquation de leur collaboration artistique. Dans l’âpre sonate de Janáček ils parviennent à un parfait équilibre entre beauté sonore et puissance expressive. La tragédie affleure en permanence. Les deux compères soulignent avec la conviction puissante qui est la leur la brûlante intensité de cette extraordinaire partition. Leur interprétation de la belle sonate n° 2 de Grieg est d’un tout autre caractère.

La grâce légère de la partition, la présence populaire de la danse en font toute l’originalité. De la tendresse de l’Allegro tranquillo au lyrisme fiévreux du final, le dialogue fonctionne avec ce mélange de spontanéité et de raffinement. Enfin, avec la sonate de Franck, Repin et Lugansky se livrent totalement. Les contrastes expressifs prennent ici tout leur sens. Presque distants, comme ailleurs dans l’Allegro ben moderato, ils n’hésitent pas à déchaîner la plus intense des violences dans l’Allegro qui suit. L’émotion du troisième mouvement et à son comble, alors que la passion finit par l’emporter dans le final exacerbé. Une très belle première dont on espère qu’elle sera suivie d’autres rencontres.

Partager