Disques

L’adieu du maître

Lorsque s’achève volontairement une carrière artistique de l’envergure de celle d’Alfred Brendel on est tenté par la rétrospective. D’autant plus que, contrairement à la plupart de ses collègues, le grand pianiste autrichien se retire en pleine possession de ses moyens techniques et artistiques. D’autant plus encore que ce grand musicien, cet interprète exceptionnel du répertoire classique et romantique le plus « encombré » est également un pédagogue, un poète et un écrivain.

 

Le temps des rétrospectives n’est donc pas encore venu. La présente parution de DECCA se contente de réunir en un album de deux CDs le témoignage des deux concerts d’adieu donnés à Vienne et à Hanovre en décembre 2008. Les interprétations réunies dans cet album résument à peu près la palette du répertoire dans lequel Brendel a excellé tout au long de sa brillante mais rigoureuse carrière. Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert n’ont jamais trouvé interprète plus juste, plus engagé, plus profond.

Le concert du 18 décembre 2008 réunissait Alfred Brendel et les Wiener Philharmoniker, dirigés par Sir Charles Mackerras dans l’un des concertos de Mozart les plus caractéristiques, le n° 9 KV 271, intitulé « Jeunehomme », du nom de cette pianiste française que Mozart admirait. Utilisant les cadences écrites par Mozart lui-même, Alfred Brendel joue cette œuvre de jeunesse avec la verve qui s’impose. Les petites imprécisions qui affectent ici ou là la cohésion entre le piano et l’orchestre lors de cette exécution publique n’en sont que plus émouvantes et humanisent une interprétation touchée par la grâce.

Le récital donné à Hanovre le 14 décembre 2008 s’ouvre sur les Variations en fa mineur de Joseph Haydn, un compositeur pour lequel Brendel a tout donné. « Haydn était un découvreur et un aventurier musical… » déclare le pianiste. Son interprétation en témoigne. Beethoven, dont le grand Alfred a enregistré plusieurs fois l’intégrale pianistique, est ici présent par l’une de ses « Sonata quasi una fantasia », la n° 13 en mi bémol majeur. La perfection de son approche se pare d’une spontanéité juvénile. Enfin Schubert, lui aussi un compagnon de voyage constant de son interprète, complète cet itinéraire avec son ultime sonate D 960 en si bémol majeur, la plus profonde, la plus absolument bouleversante, hantée qu’elle est par l’idée de la mort. L’émotion à l’état pur !

Les trois bis de la soirée sont également gravés ici. La Bagatelle en la majeur, de Beethoven, l’Impromptu en sol bémol majeur, de Schubert, et enfin l’éternel Choral Prélude « Nun komm’ der Heiden Heiland » de Bach dans son arrangement signé Busoni, résonnent comme le poignant résumé de toute une vie.

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