Disques

La rencontre au sommet !

Quel plaisir que celui d’assister à un tel échange ! A priori, la rencontre entre l’effervescence pianistique de Martha Argerich et le jeu olympien du violoniste Itzhak Perlman pouvait paraître incongrue. Cette nouvelle parution prouve à quel point une telle alchimie peut produire des résultats musicaux insoupçonnés.

Attrait supplémentaire, ce nouvel album s’ouvre sur la toute première collaboration entre les deux artistes à Saratoga en 1998. La Sonate pour piano et violon n° 1 de Schumann y prend des accents d’une beauté, d’une spontanéité inattendue.

Plutôt qu’une addition des talents spécifiques de chacun, son interprétation bénéficie des influences réciproques de chacun. Le piano stimule la vivacité du violon qui, à son tour, approfondit encore l’expression pianistique. Comme l’indique une confession récente des deux artistes, cette association se traduit par une conversation, un échange d’égal à égal, chacun suggérant à l’autre des couleurs, des phrasés, un ton qui éclairent l’œuvre.

Près de vingt ans après, les deux compères se retrouvent pour franchir une nouvelle étape du chemin.

Et c’est encore Schumann qui guide leurs pas. Dans les Trois Fantasiestücke pour piano et violon, ni l’un ni l’autre ne s’attribue le rôle permanent du couple Florestan et Eusebius, imaginé par Schumann pour illustrer les deux faces de son génie. On aurait pu penser que Marta Argerich était toute désignée pour incarner le bouillant Florestan, Itzhak Perlman se réservant celui d’Eusebius. Il n’en est rien. Les échanges fusent avec un naturel et une imagination surprenantes. Rien de figé dans cette interprétation qui respire la joie de vivre.

Brahms suit logiquement Schumann. La fameuse Sonate F-A-E, autrement dit Frei aber einsam (libre mais seul), dont est gravé ici le seul Scherzo, signé Johannes Brahms, est le résultat d’une entreprise rare sinon unique. Schumann a sollicité deux de ses élèves : Albert Hermann Dietrich et Johannes Brahms, afin d’écrire, à eux trois, une œuvre collective ; en l’occurrence une sonate en quatre mouvements. Le jeune Brahms accoucha d’un Scherzo bouillonnant, d’une spontanéité éblouissante auquel Perlman et Argerich confèrent jeunesse, liberté et enthousiasme.

Ce voyage à deux s’achève sur la Sonate pour clavier et violon n° 4 en ut mineur BWV 1017, de Johann Sebastian Bach. Vitalité, sérénité, intemporalité, animent successivement les quatre mouvements de cette sublime partition. Sans chercher à imiter la rhétorique baroque, les deux musiciens insufflent ici comme un parfum d’éternité.

Espérons que ces rayonnantes personnalités n’attendront pas vingt ans de plus pour se ménager une nouvelle rencontre.

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