C’est à un double portrait que nous convie ce nouvel album dédié à la guitare espagnole. Celui d’un compositeur éminent, qui a consacré une partie de son œuvre à l’instrument ibérique par excellence, et celui d’un interprète attachant dont on découvre le talent original. Né à Madrid, Joaquín Turina ne limite pas son imagination créatrice aux indiscutables influences de la musique andalouse traditionnelle.
Sa vie riche et bien remplie l’a amené à fréquenter toutes les tendances artistiques du tournant du XIXe au XXe siècles. Après avoir fréquenté le grand répertoire allemand, il est admis à la très parisienne Schola Cantorum, sous la férule de Vincent d’Indy, où il se forge une solide culture de compositeur. Il est néanmoins le porte-parole de la culture de son terroir, notamment à travers sa musique pour guitare, limitée en volume mais d’une grande beauté esthétique et suggestive.
Né à Toulouse en 1978 et possédant une solide formation musicale, acquise notamment à l’Ecole Normale Supérieure de Musique de Paris, Sébastien Llinares s’intéresse à toutes les musiques. Il pratique en outre tous les types de guitare, baroque ou électrique ! Il est ici l’interprète sensible de l’œuvre que Turina a consacré à son instrument. Sa technique irréprochable lui permet une coloration subtile des pièces réunies ici. Des contrastes étonnants de Rafaga, à la très élaborée Sonate en trois mouvements, en passant par le beau diptyque Homenaje a Tarrega, le mystérieux Fandanguillo et la brillante Sevillana, se forge l’image d’un bel interprète. Ce programme original est complété par de très convaincantes transcriptions par Sébastian Llinares lui-même de pièces composées par Turina pour piano (extrait des Miniaturas) ou pour voix et piano (trois extraits du cycle Poemas en Forma de Canciones). La couture reste invisible ! Une pièce originale intitulée Copla de Cante Jondo, de José Luis Turina, le petit-fils de Joaquín, apporte une touche contemporaine et néanmoins bien dans la tradition ibérique. La poésie est au cœur de cette belle parution enregistrée en avril 2011 en la Basilique Sainte-Germaine de Pibrac.
