Sous le titre de rêve « Les beaux soirs alanguis » paraît un album CD publié sous le label Belarri et consacré à une série de mélodies composées par Thomas Moreau, musicien né en 1980 à Bordeaux. Interprétées par cinq artistes majoritairement d’origine basque (France et Espagne), ces partitions vocales prolongent la grande tradition de la mélodie française de la fin du XIXème au début du XXème siècle.
Thomas Moreau a débuté ses études musicales au Conservatoire Jacques Thibaud de Bordeaux en 2001. Il y a obtenu la médaille d’or de formation musicale et étudié l’analyse, l’harmonie et le contrepoint, notamment auprès de Marc Jaurréguiberry.
A partir de 2012, souhaitant parfaire ses connaissances musicales, il a poursuivi ses études au Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque dans les classes de Peio Çabalette et Joël Mérah. Ces rencontres déterminantes l’ont conduit vers la création et la composition. Il a obtenu le DEM d’écriture et de composition avec la mention Très Bien, assorti de deux prix SACEM en 2014 et 2015, ainsi que le DEM de direction de chœur après avoir étudié dans la classe de Laetitia Casabianca. Chanteur lui-même, il a donc composé l’ensemble des 19 mélodies qui figurent sur cet album CD qui paraît le 6 décembre prochain, sous le label indépendant Belarri.
Basée au Pays Basque, l’association Belarri a été fondée en 2016 par Matthieu Haramboure. Elle publie donc cet album de mélodies composées par Thomas Moreau, et interprétées par cinq artistes majoritairement d’origine basque (France et Espagne) aux solides expériences : Damaris Alsunard, piano, Agnès Denneulin, soprano, Jennifer Chenouri, mezzo-soprano, Célian d’Auvigny, baryton, et Jesús Maria Garcia Aréjula, basse.
Parmi les poètes qui ont inspiré Thomas Moreau, on retrouve des noms célèbres comme ceux de François Mauriac, Alfred de Musset, Guillaume Apollinaire, José-Maria de Heredia, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Louis Aragon. Mais on découvre aussi des personnalités surprenantes et peu ou pas connues : Henry J.-M. Levet, Benjamin Péret, Henri Thomas, Georges Fourest, Tristan Corbière. Chaque mélodie raconte une histoire, drôle, triste, émouvante ou exotique.
On découvre, avec le premier opus gravé ici, que François Mauriac est également auteur de poésies. Son titre, « Les beaux soirs alanguis », a donné son nom à l’album. Le style d’écriture de Thomas Moreau semble bien perpétuer la tradition et l’esprit de ce qui se pratiquait à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. On pense à Gabriel Fauré, Claude Debussy, Henri Duparc, Maurice Ravel, Jules Massenet, notamment.
Accompagnés avec musicalité par la pianiste Damaris Alsunard, les quatre chanteurs qui se succèdent possèdent des timbres très différentiés et bien adaptés à la prosodie. Les voix claires de la soprano Agnès Denneulin et de la mezzo-soprano Jennifer Chenouri, alternent avec celles, bien caractérisées, du baryton Célian d’Auvigny et de la basse Jesús Maria Garcia Aréjula. Les interventions de Célian d’Auvigny s’avèrent particulièrement remarquables par la variété des couleurs vocales et une diction exemplaire des textes poétiques.
Cet album bienvenu, qui décline donc 19 mélodies dont deux duos, alterne les évocations joyeuses, contemplatives, ou mélancoliques, de grandes pages poétiques. Une belle permanence de la mélodie française.
Serge Chauzy
Album CD : Label Belarri -KD 2024-01