Les musiciens de l’ensemble de cuivres anciens de Toulouse, « Les Sacqueboutiers », poursuivent leur entreprise de défrichage du riche répertoire de la Renaissance européenne. Si l’Italie domine la production musicale de ce brillant XVIIème siècle, son style particulièrement élaboré a envahi toute l’Europe, inspirant les compositeurs anglais, allemand, moraves et même français. A l’instar de Schütz, qui va puiser aux sources vénitiennes, le

compositeur allemand Samuel Scheidt (1587-1654) s’inspire des formes transalpines pour composer ses « Ludi Musici » (Jeux musicaux), illustrant ainsi sa nomination au poste de « Hofkapellmeister » de l’Archevêque de Magdebourg à Halle, en 1720. Ce recueil, constitué de danses et de canzone, apparaît comme une sorte de « chef d’œuvre » au sens artisanal du terme. Scheidt y déploie tous ses talents de compositeur, comme pour convaincre ses nouveaux employeurs de la qualité de son art. Même s’il a prévu les grandes lignes de l’instrumentation, il laisse aux interprètes une certaine latitude que les Sacqueboutiers utilisent pour le bonheur de l’auditeur. Quatre cornetti, quatre sacqueboutes (dont le grand tromboniste Michel Becquet), deux trompettes, théorbe, guitare, orgue et percussion élaborent une série de climats d’une étonnante diversité. Nostalgie poétique et réjouissante vitalité alternent grâce à la musicalité et au raffinement des interprètes rompus à ce répertoire effervescent qui fut donné en concert à Toulouse lors du symposium de cuivres anciens du mois d’avril 2006.
                                                                          

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