Disques

J.C. Bach, compositeur d’opéra scandaleusement méconnu !

Le dernier fils du Cantor de Leipzig : Jean-Chrétien (1735-1782), est le compositeur, entre autres œuvres musicales, de quelques quinze opéras passés littéralement à la trappe de la postérité. Mystère. Cela rend la publication aujourd’hui par Virgin Classics du présent album précieuse pour bien des raisons.

 

Après avoir franchi le Rubicon de la stricte et luthérienne tutelle familiale, Jean-Chrétien embrassa non seulement la foi catholique mais également l’art lyrique !

Celui qui fut nommé successivement le Bach de Milan puis le Bach de Londres, tout un programme en ce milieu du 18ème siècle, connut autant de succès transalpins qu’au royaume de Sa Très Gracieuse Majesté. Et en matière lyrique, il y avait concurrence ! Même son pays d’origine finit par comprendre quel génie s’était exporté.

En effet, en 1772, l’opéra de Mannheim (5000 places !) lui proposa d’écrire le grand ouvrage lyrique de sa saison. Le programme de la présente réalisation nous propose quelques arias de concert ainsi que des extraits de ces fameux opéras reçus avec enthousiasme par la presse et le public de leur temps : La clemenza du Scipione (King’s Theatre – Londres – 1778), Artaserse (Teatro Regio – Turin – 1760), Adriano in Siria (Haymarket – Londres – 1765), Carattaco (King’s Theatre – Londres – 1767), Temistocle (Mannheim – 1772). Epoque oblige, ce sont des castrats qui mettent littéralement le feu à ces partitions. Ils ont pour noms : Guadagni, Manzuoli et Tenducci, pour ne citer que les plus fameux.

Aujourd’hui c’est le contre-ténor Philippe Jaroussky qui relève le flambeau de ces rôles périlleux. Son timbre, d’une pureté miraculeuse, sa vertigineuse musicalité et son extraordinaire souplesse d’émission s’allient ici à un sens inné du drame dont cet artiste pare la moindre note comme la plus subtile des nuances. Du très grand art superbement soutenu par Le Cercle de l’Harmonie sous la direction de Jérémie Rhorer.

A la mort de Jean-Chrétien Bach, Mozart (1756-1791), qui en avait fait son ami, s’exclama : « Quelle perte pour la musique ! ». De la part du Divin génie les mots prennent une certaine valeur… Cela dit, aujourd’hui, les musicologues sont unanimes pour reconnaître l’influence des compositions de Jean-Chrétien Bach sur les œuvres symphoniques et  lyriques de Mozart.

Raison de plus pour se précipiter sur cet album superbement illustré et commenté. Un disque vraiment précieux !

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