Cette année fête le siècle et demi qui nous sépare de la naissance de Claude Debussy (1862-1918), ce génial musicien français qui, au crépuscule du 19ème siècle, rejeta tous les académismes esthétiques et reformula autant le schéma de la symphonie, que celui de l’opéra et de la musique de ballet. Si sa grande œuvre lyrique, Pelléas et Mélisande, fait partie intégrante des plus incontestables chefs d’œuvre de l’opéra, il serait injuste de passer sous silence la production de ce musicien dans le domaine de la mélodie.
C’est ce que vient nous rappeler très heureusement le présent disque initié à vrai dire par le pianiste Philippe Cassard, l’un des grands interprètes actuels de ce compositeur. De Nuit d’étoiles aux Elfes, ce ne sont pas moins de 18 mélodies dont 4 inédites, qui sont gravées ici, le programme se terminant curieusement par la cantate pour soprano, mezzo-soprano, chœur féminin et piano : La Damoiselle élue. Que retenir d’une pareille entreprise ? Avant tout le contenu, rare et précieux entre tout.
Il y a aussi et certainement le talent de Philippe Cassard, un talent qui va bien au-delà de celui d’un simple accompagnateur. Et puis il y a Natalie Dessay, une artiste que nous aimons et que nous adorons et pour laquelle nous sommes aujourd’hui, après sa Manon parisienne, une nouvelle fois, triste. Ce disque (enregistré en novembre 2011) vient trop tard. Certes la musicienne est toujours là et la technicienne toujours aussi habile devant les pires obstacles, mais l’organe de cette chanteuse est aujourd’hui fatigué, l’émission se fait contrainte, l’aigu laborieux, le registre medium de plus en plus mince et le grave totalement inexistant. Même en studio ! Sans parler d’une articulation que nous lui avons connue plus franche. Pour ceux et celles qui ont eu le bonheur de l’entendre il y a encore peu d’années, par exemple dans La Fille du régiment, le constat est aussi douloureux que sans appel. Notre cher Monsieur Croche*, lui, s’en remettra…
*pseudo de Debussy en tant que critique musical