Disques

Felix et Fanny enfin réunis

Felix Mendelssohn n’a pas toujours bénéficié des louanges de la critique. Fort heureusement, le génie de ce musicien, trop choyé par ses origines confortables pour être considéré comme un bon romantique, ne fait plus de doute. Sa courte vie, trente-huit ans à peine, lui a permis de créer une œuvre personnelle, forte, lumineuse et d’une qualité musicale et expressive digne de celles des plus grands créateurs. Et puis le patronyme de la famille Mendelssohn ne se limite pas à celui de l’auteur du Songe d’une Nuit d’Eté. Trop longtemps, la sœur aînée Fanny est restée dans l’ombre du jeune Felix.

Périodiquement, quelques interprètes audacieux rendent hommage à cette surdouée remise à sa place de femme par le traditionalisme un rien machiste de l’époque (mais est-ce que cela a bien changé ?…) Dans le livret qui accompagne cette parution discographique, Brigitte François-Sappey rappelle ce que Fanny écrivait à son frère qu’elle appelait « mon petit Hamlet » : « Adieu, n’oublie pas que tu es ma main droite et la prunelle de mes yeux, et que sans toi la musique ne peut en aucune façon couler. » De son côté, Felix considérait Fanny comme son « Cantor » et en avait fait la première lectrice de ses partitions.

 
Rendons grâce aux jeunes membres du Quatuor Ebène qui contribuent, par la parution de ce nouvel album, à cette double reconnaissance enfin à l’ordre du jour. Voici une formation de musique de chambre dont l’ascension rapide fait chaud au cœur tant elle est justifiée. Après Ravel, Debussy, Fauré, Brahms, Mozart, ils réalisent avec Mendelssohn frère et sœur l’un de leurs disques les plus émouvants. Le quatuor en si bémol majeur de Fanny est ici entouré du n° 2 op. 13 et du n° 6 op. 80 de Felix.

Dès l’opus 13, le compositeur de dix-huit ans manifeste un savoir-faire incroyable et ouvre son cœur inquiet. Les interprètes jouent à fond le jeu du drame, de l’angoisse, de la grâce aussi qui transparaît à travers l’inquiétude déjà présente. Le 14 mai 1847, lorsqu’il apprend la mort subite de Fanny, Felix pousse un cri et s’évanouit de douleur. Ce cri se retrouve dès les premières notes de l’opus 80, ce « Requiem pour Fanny », bouillonnant de révolte, d’amertume, de désespoir. Le Quatuor Ebène s’investit dans ce réquisitoire contre le destin avec fougue, sincérité et profondeur. Le jeu de l’ensemble, si parfaitement cohérent, magnifie avec toute la vigueur nécessaire ces deux partitions bouleversantes.

Rien n’échappe non plus à son interprétation du Quatuor en si bémol de Fanny. Pleine d’imagination et de finesse, cette partition douce-amère culmine dans un final, Allegro molto vivace, proche des emportements du Quatuor n° 2 de Felix.

Rendons grâce à Pierre Colombet et Gabriel Le Magadure, violons alternant la position de premier, Mathieu Herzog, alto, et Raphaël Merlin, violoncelle, pour la beauté de leur jeu et la sincérité de leur engagement sans faille. Un grand disque !

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