La grande pianiste lituanienne Mūza Rubackytė ne se contente pas d’explorer les chefs-d’œuvre connus du grand répertoire (Liszt, Schubert…). Elle s’investit dans des programmes où dialoguent, parfois s’affrontent, de belles partitions qui méritent de sortir de l’oubli. Elle retrouve ici l’une des grandes formations de chambre de son pays d’origine, le Mettis String Quartet. Deux pièces intenses composent le programme de cette belle parution, deux quintettes pour piano et cordes signés Chostakovitch et Weinberg, qui se font face, comme en miroir, avec leurs similitudes et leurs spécificités.
Le Russe Dmitri Chostakovitch et le Polonais d’origine, devenu russe, Mieczysław Weinberg étaient amis. Le second fut chaleureusement soutenu par son aîné de treize ans. Si l’on connaît bien la vie et l’œuvre de Chostakovitch, ainsi que ses démêlés avec le régime soviétique, on découvre peu à peu l’existence et l’immense production musicale de Weinberg. L’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en septembre 1939 a fait basculer sa vie. Lui seul parvint à fuir les troupes allemandes pour gagner l’URSS, alors que toute sa famille, d’origine juive, est arrêtée et exterminée par les nazis. Chostakovitch, qui découvrit ses premières partitions en 1943, apprécia immédiatement l’œuvre de son jeune collègue et favorisa son installation à Moscou. Ce fut le début d’une longue amitié entre les deux compositeurs qui dura jusqu’à la mort de Chostakovitch en 1975.

L’idée de Mūza Rubackytė et du Mettis String Quartet d’associer deux partitions de même formation de ces deux compositeurs si proches n’en a que plus de force et de cohérence.

Le rapprochement s’avère d’autant plus significatif que ces deux quintettes, assez proches dans le temps (1940 pour Chostakovitch, 1944 pour Weinberg), obéissent à la même structure en cinq mouvements répartis symétriquement autour d’une section centrale animée.

Plus ramassé que son homologue, le Quintette en sol mineur de Chostakovitch développe un langage intense et parfois ambivalent qui donne la part belle au thématisme populaire. Le Scherzo central en est la parfaite illustration. La pianiste aborde la partition avec une autorité impressionnante qui se manifeste dès les premières mesures a cappella. Les échanges d’égal à égal avec le quatuor à cordes nourrissent un dialogue animé et vivant dans lequel la fraîcheur populaire alterne avec le sarcasme et parfois la violence. Toutes les couleurs de l’œuvre bénéficient des jeux combinés des interprètes.

La production musicale de Weinberg réunit quelques 26 symphonies, 17 quatuors à cordes, 7 opéras et de nombreuses musiques de film. Son Quintette en fa majeur est un véritable monument de plus de 40 minutes. Comme une symphonie pour petit effectif. Dès les premières mesures, le piano et les cordes tissent un réseau d’impressions étranges, inquiétude et détermination mêlées. Les mouvements suivants, tantôt violents, tantôt ironiques, sont dominés par un vaste Largo, dramatique et énigmatique. Le piano joue seul au cœur de cette section, comme pour illustrer un immense isolement. Le final, après une lutte fébrile, s’achève sur un silence bouleversant, comme une ouverture vers le vide.

Voici qui rend pleine justice à un compositeur trop longtemps ignoré des organisateurs de concerts. Le couplage de ces deux quintettes, ainsi défendu, s’avère d’une rare opportunité !

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