Né aux Etats-Unis, formé en grande partie en France, Nicholas Angelich mène une carrière que l’on peut qualifier de solide et fructueuse. Ses apparitions ici ou là (ce fut le cas récemment à Toulouse dans un somptueux 5ème concerto de Saint-Saëns) confortent à chaque fois l’impression que ce musicien authentique trace son sillon avec sérieux et profondeur.
Brahms semble réunir toutes les caractéristiques qui correspondent aux qualités fondamentales de son jeu. Intensité d’un toucher de poids et pourtant sans lourdeur, clarté lumineuse de la polyphonie, équilibre quasi-parfait des deux mains. Mais, et peut-être surtout, une imagination qui lui permet de bénéficier d’une palette de couleurs sans limite. Le 2ème concerto pour piano et orchestre de Johannes Brahms constitue pour tous les pianistes une sorte de défi lié à l’ampleur de sa structure proprement symphonique.
Nicholas Angelich l’aborde sans complexe avec un naturel de l’expression qui convainc immédiatement. Sans pour autant exagérer les contrastes qui alimentent toute l’œuvre, il en caractérise chaque mouvement dans un équilibre parfait entre le soin du détail et la vision permanente de la grande ligne tracée par le compositeur. Vigueur de l’Allegro initial, passion exacerbée du second volet, poésie de l’Andante (splendide duo avec le violoncelle solo) et grâce légère du final. L’orchestre de la Radio de Francfort, dirigé par Paavo Järvi lui apporte le soutien rigoureux qui convient.
Enfin, les huit Klavierstücke de l’opus 76 qui complètent ce programme Brahms viennent conforter le lien privilégié qui attache désormais Nicholas Angelich au compositeur du Requiem Allemand. Le chant au service de la confidence.