Le jeune pianiste chinois Lang Lang a rapidement pris une place à part sur l’échiquier des concertistes émergents ! Son style très personnel, hors norme, qui associe coiffure « en pétard » et tenues décontractées, d’une part, et ses approches peu orthodoxes des œuvres du grand répertoire, d’autre part, ont attiré l’attention des médias aussi bien « people » que culturels.
Il n’en est pas moins vrai que cet artiste a musicalement des choses à dire et qu’il les dit avec conviction et talent. Le voici associé à l’Orchestre de Paris et à son nouveau directeur artistique Christoph Eschenbach dans un programme Beethoven qui rassemble les concertos pour piano et orchestre n° 1 et 4.
Ces deux œuvres marquent nettement l’évolution dont Beethoven a fait bénéficier la création musicale. Si le premier concerto revendique encore l’héritage de Haydn et Mozart, le quatrième s’émancipe très nettement vers le romantisme triomphant. Dans le premier concerto, composé en fait après le deuxième, Lang Lang manifeste une liberté de ton particulièrement bienvenue, éclabousse la vitalité des traits, revendique la jeunesse du compositeur, âgé de seulement 24 ans lors de sa création. Nettement plus mûre est son approche du quatrième concerto, entendu pour la première fois à Vienne en 1808, et qui ouvre une voie nouvelle. La profonde méditation de l’andante lui inspire notamment un émouvant dialogue avec l’orchestre.
L’Orchestre de Paris, que conduit Christoph Eschenbach, pianiste lui-même et familier de ce répertoire, lui ménage dans les deux œuvres un splendide écrin instrumental. Ce premier enregistrement de l’Orchestre de Paris sous la direction de son nouveau responsable artistique, réalisé dans la salle Pleyel rénovée, sonne avec des couleurs et un relief étonnants. Il lui est adjoint un court DVD qui brosse un portrait réjouissant du jeune pianiste, exubérant mais passionné, et de son rapport intense avec Christoph Eschenbach, considéré par Lang Lang comme un second père musical.