Disques

Beethoven au sommet

Devenu l’un des artistes les plus profondément musicaux de notre temps, le pianiste brésilien Nelson Freire a marqué de son empreinte forte Chopin, Schumann et bien d’autres compositeurs. Il n’avait encore jamais pénétré, au disque, la forêt Beethoven. Voici un premier volume de sonates qui confirme la place prépondérante de Nelson Freire dans le monde du piano contemporain.

Les quatre sonates qu’il choisit d’aborder ici ont très rarement sonné avec une telle profondeur, une telle grandeur, un tel déploiement de couleurs.

Dès les premiers accord haletants de la sonate « Waldstein » (la vingt et unième op. 53) l’interprète prend son auditeur à la gorge et ne le lâche plus. La lumière magique du rondo final éclaire un monde nouveau. Dans la sonate n° 26, « Les Adieux », la confidence de l’Absence bouleverse par la simple sincérité de son discours. La joie fébrile du Retour comble l’auditeur.

La très fameuse op. 110 (sonate n° 31, autrement dit l’avant dernière de tout le cycle) s’ouvre sur un récitatif d’une intensité inégalée. Nelson Freire y atteint véritablement le cœur de l’émotion. Une émotion qui submerge par vagues successives. Les premières notes de la fugue finale qui suit la bouleversante confidence de l’adagio ouvrent le rideau sur une vision d’éternité qui illumine l’horizon, comme un sourire à travers les larmes.

Enfin la très populaire sonate « Au clair de lune » (n° 14) qui conclut ce panorama prend un ton nouveau. La poésie de la lumière s’y insinue jusque dans les traits les plus subtils. Freire invente ici un nouveau monde de couleurs. Jusqu’au final, « agitato » à souhait, l’attention de l’auditeur ne peut se relâcher un seul instant.

A coup sûr, l’un des disques majeurs de piano de ces dernières années. A quand le reste des 32 sonates ?

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