Disques

Au cœur des trésors cachés de Haendel

« Enregistrer un album entièrement consacré à Haendel est un des projets incontournables pour un chanteur qui aime la musique baroque, et encore plus pour un contre-ténor » nous dit Philippe Jaroussky en liminaire à la plaquette de cet album.
S’il souligne bien l’intérêt particulier pour sa tessiture (contre-ténor), c’est à l’évidence parce qu’elle est la seule à nous faire entrevoir, de loin certes, mais tout de même, ce qu’étaient la vocalité des castrats, la souplesse de leur émission, leur virtuosité, leur couleur. Véritables héros des opéras de Haendel, les castrats, dont les fameux contraltos Senesino et Annibali, furent parmi les plus grands interprètes des airs ici enregistrés.

Point de détail mis en exergue dans le même liminaire, Philippe Jaroussky nous rappelle que Haendel modifiait souvent la partition de ses opéras en fonction des possibilités de leurs interprètes et d’ajouter « Il (Haendel) n’hésite pas à transposer des rôles entiers pour les adapter au nouveau chanteur. J’ai donc décidé, pour certains airs, de faire de même afin d’être le plus confortable possible musicalement ». Le moindre des mérites de cette précision est sa remarquable honnêteté ! Nous voilà prévenu.

Ceci étant, ce présent album, enregistré en 2017, nous propose l’un des récitals les plus magistraux de cet excellent artiste dont on ne se lasse pas d’entendre le timbre à nul autre pareil, une véritable voix « angélique », d’une pureté absolue. Dans les extraits, pour la plupart rarissimes au disque, ne parlons pas sur scène, d’opéras composés à Londres entre 1711 et 1741 : Imeneo, Riccardo primo, re d’Inghilterra, Siroe, re di Persia, Serse, Radamisto, Flavio, re de’ Longobardi, Amadigi di Gaula, Tolomeo, re d’Egitto, Giustino, Ezio, Philippe Jaroussky nous fait entendre un vrai feu d’artifice vocal. Et l’on demeure toujours aussi stupéfait par la longueur de son phrasé, la netteté des trilles, et une vocalisation parfaite qui trouve à s’exprimer particulièrement dans les fameuses reprises da capo dans lesquelles libre court est donné aux plus virtuoses des ornementations. Alternant chant spianato, dont le cantabile semble ici infini, et chant « fleuri » à donner le vertige, le programme offre toute la gamme des possibilités à l’expression de l’art vocal de ce contre-ténor. Evoquons aussi les nombreux récitatifs qui précèdent ces arias et dans lesquels Philippe Jaroussky fait preuve d’un art souverain de la déclamation et de la dramaturgie qui la sous-tend. C’est l’ensemble Artaserse, fondé par cet artiste en 2002, qui l’accompagne avec une présence stupéfiante d’intensité. Ecoutez, par exemple, comment les violons suggèrent les derniers battements de cœur de Tolomeo dans l’aria Stille amare, già vi sento. Le génie de Haendel à son acmé lorsqu’il est servi par de pareils interprètes.

Partager

Souvenirs d’Europe centrale au programme des Clefs de Saint-Pierre
La 25ème saison des Clefs de Saint-Pierre se conclut le 28 avril prochain.
L’Orchestre national du Capitole reçoit Ton Koopman et la Maîtrise de Toulouse
Mozart et Pergolesi sont inscrits au programme du concert donné le 25 avril prochain par l’Orchestre national du Capitole sous la direction de Ton Koopman.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE : LE RETOUR DE LA FILLE AUX YEUX D’ÉMAIL.
Coppélia – Natalia de Froberville – Ramiro Gomez Samon en répétition-  © David Herrero Coppélia revient sur la scène du Capitole ; elle nous était venue en 2016 de la main de Charles Jude, c’est une autre ancienne étoile de l’Opéra, Jean Guillaume Bart qui nous la ramène aujourd’hui.. Coppélia,
La grande dame du piano et son complice en musique
Le retour à Toulouse de Martha Argerich constitue toujours un événement musical particulier.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE – SAISON 2025-2026  
Pour sa   troisième saison à la direction du Ballet National du Capitole , Beate Vollack nous fait quatre propositions où l’on retrouve toutes les formes de danse, du classique au néo-classique et au contemporain. Certains ballets sont à revoir, d’autres sont des créations. Pour célébrer le cent cinquantième anniversaire
« On ne programme pas une saison pour d’autres raisons que l’émotion, le bonheur et l’élévation du public » Christophe Ghristi
La saison 25/26 est celle du désir