Evelyne Spagnol, le retour ; Kazbek Akhmedyarov, l’arrivée ; Breno Bittencourt, la continuité. Tel pourrait être le résumé très elliptique de cette soirée que les balletomanes toulousains attendaient avec une certaine impatience.
La Mazurka : Pascale Saurel et Davit Galstyan (Photo David Herrero)
Particulière, cette « Coppelia » l’était, non pas que ce ballet n’ait jamais été donné au Capitole, il le fut la dernière fois en 2001. Non, ces soirées marquaient le retour d’Evelyne Spagnol et l’arrivée de Kazbek Akhmedyarov, nouveau venu dans la Compagnie.
Franz : Breno Bittencourt / Swanilda : Evelyne Spagnol
(Photo David Herrero)
La production n’était pas nouvelle, mais Nanette Glushak avait repris la chorégraphie d’Enrique Martinez pour la faire évoluer vers un langage plus contemporain, et donner plus de place au corps de ballet. Elle y a mis cette petite touche balanchinienne qui est sa signature, en particulier dans le jeu des bras lorsque tous les danseurs sont sur scène.
Pour cette production, nous avions, en son temps, fait quelques remarques sur les costumes assez peu seyants de Swanilda et ses amies, nous n’y reviendrons pas. C’était aussi l’occasion pour nous de voir les nouveaux venus dans la Compagnie, puisqu’elle a accueilli sept nouveaux danseurs venant d’horizons très divers, ce qui ne peut être qu’un enrichissement pour la troupe.
Pour la première distribution, Evelyne Spagnol et Breno Bittencourt interprétaient Swanilda et Franz.
C’est pour Evelyne Spagnol un retour aux sources, puisque c’est à Toulouse qu’elle a commencé sa carrière, entrant dans le ballet du Capitole en 1991. Elle va y rester 11 ans, la chrysalide se transformant en papillon sous la houlette de Nanette Glushak. En 2002, elle intègre, comme soliste, le ballet de Zurich dirigé par Heinz Spoerli, qu’elle quitte en 2008.
Variation de la Prière :
Paola Pagano
(Photo David Herrero)
Elle revient au Capitole cette saison, et reprend le flambeau momentanément déposé par Maria Gutierrez, blessée la saison dernière. Ces quelques années loin de Toulouse ont encore aiguisé sa technique et sa présence sur scène. Sa Swanilda est très en place, primesautière et enjouée à souhait. Son couple avec Breno Bittencourt fonctionne parfaitement. Tous deux ont su trouver, déjà, un rythme et une complémentarité qui éclatent sur scène.
L’autre événement était l’arrivée de Kazbek Akhmedyarov, attendu depuis bientôt deux ans, et qui nous vient de l’Opéra de Wiesbaden. Programmé lors de la deuxième distribution avec Evelyne Spagnol, qui a assuré l’ensemble des spectacles, Maria Lucia Segalin s’étant elle aussi blessée, il nous a séduit par sa musicalité et sa technique assez remarquable, malgré quelques réceptions manquant de souplesse.
Gageons que la présence de ce danseur à la silhouette élégante et capable de forts beaux moments de virtuosité va développer dans le corps de ballet une belle émulation, en particulier entre les solistes.
Quant à Breno Bittencourt, il nous est apparu éblouissant, comme à son ordinaire, faisant preuve d’une technique brillante, parfait acteur, danseur charismatique, toujours attentif à ses partenaires, formant avec Evelyne Spagnol un couple harmonieux.
Franz : Kazbek Akhmedyarov
(Photo David Herrero)
Mais les solistes n’étaient pas seuls sur scène, et nous avons retrouvé avec bonheur l’élégance de Paola Pagano, la grâce de Magali Guerry, le vif-argent de Davit Galstyan, la beauté de Juliana Bastos, le piquant de Gaëlle Riou. Et, cerise sur le gâteau, Enrique Carreon Robledo a mené de main de maître l’orchestre du Capitole.
Ce début, sous le signe de l’émulation, est tout à fait prometteur et augure bien de la saison, qui va se poursuivre en janvier par une tournée qui mènera la Compagnie vers Valladolid, avec « Don Quichotte », et un programme Balanchine à Vicence et Trévise, avant que nous ne retrouvions les danseurs, fin février pour une soirée Balanchine – Delcroix, chorégraphe contemporain qui créera un nouveau ballet à cette occasion.