Danse

Un succès jamais démenti

Après huit représentations annulées ou données sans décors ni lumières pour cause de grève, le spectacle du 4 décembre est annoncé, enfin, « intégral ».

Dorothée Gilbert et Manuel Legris (Crédit photo : Sébastien Mathé)

A la fin de la soirée, lorsque raisonnent encore dans votre tête les échos de l’ovation qui salua les protagonistes de ce ballet, lorsque vos yeux sont encore sous le charme d’une production (signée Nicholas Georgiadis) comptant parmi les plus somptueuses du répertoire de l’Opéra de Paris, où elle fut créée en 1985, vous mesurez la chance qui vous a accompagné ce soir-là !

A vrai dire, et lorsque tous les éléments sont réunis, il est facile de comprendre pourquoi le succès de ce ballet ne s’est jamais démenti.

A la magnifique partition de Tchaïkovski, qui allait clore ainsi sa participation musicale à l’histoire de la danse, se mêle l’intrigue sulfureuse d’E.T.A. Hoffman. Atténuée par l’adaptation qu’en fit Alexandre Dumas père, et qui sert de base dramaturgique à cette chorégraphie, ce conte à double lecture n’en garde pas moins toute sa fascinante magie et sa sombre ambigüité.

Pour la 90ème représentation in loco (c’est dire) de ce ballet signé Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa et Lev Ivanov, le luxe et l’émotion sont au rendez-vous.

Le luxe c’est, bien sûr, un corps de ballet superlatif de discipline, impeccable techniquement. Ce luxe se conjugue à l’émotion lorsqu’apparaissent les deux étoiles de la soirée : Manuel Legris (Drosselmeyer/Le Prince) et la toute nouvelle star de la troupe, la toulousaine Dorothée Gilbert (Clara), nommée étoile depuis le 19 novembre dernier. Avec ces deux danseurs exceptionnels, ce sont aussi deux générations qui nous apportent la preuve irréfutable de la permanence du très haut niveau de l’école de danse de l’Opéra de Paris.

Et il y a fort à parier que cette jeune et formidablement émouvante Clara de 23 ans devait vivre en direct, devant nous, à l’instar de son personnage d’ailleurs, un rêve éveillé en se retrouvant dans les bras sans faille d’un Prince qui avait bercé son enfance de danseuse.

Dorothée Gilbert (Clara)

(Crédit photo : Sébastien Mathé)

Soulignons également pour leur magnifique participation dans la danse arabe, deux premiers danseurs de très grand talent : Stéphanie Romberg et Karl Paquette.

Coup de chapeau aussi aux élèves de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris, visiblement au comble du bonheur de participer à une pareille production dont la partie musicale était assurée par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Kevin Rhodes.

Partager