S’il était encore besoin de prouver le niveau d’excellence atteint par le Ballet du Capitole, il aurait suffi d’assister au dernier spectacle de la saison chorégraphique 2006-2007.
Nanette Glushak avait pour l’occasion invité trois chorégraphes contemporains : Nils Christe, Benjamin Millepied, et Jacopo Godani qui en la circonstance donnait une création mondiale.
« Sync », étincelant !
Nous avions déjà eu l’occasion de voir « Sync », de Nils Christe, qui nous avait enthousiasmés et avait obtenu un énorme succès auprès du public.
Nous avons retrouvé intactes les émotions que nous avions connues ce soir-là. Tout au long d’un étonnant voyage musical, les danseurs font preuve d’un exceptionnel ensemble.
Les mouvements sont en parfaite synchronisation et se déroulent en un flot harmonieux totalement en accord avec les différents accents musicaux. Toute la compagnie est sur scène, et tous sont dans l’excellence.
Et une fois de plus, il nous faut applaudir l’harmonie du couple Paola Pagano – Jean Claude Nelson, qui s’est formé cette saison. De même, Raphael Paratte a démontré, encore une fois, son énorme potentiel, sa présence et son autorité sur scène.
« Sync » dansé par
Paola Pagano et Jean-Claude Nelson
(photo Patrice Nin)
« Paganini ! », étourdissant !!
Nous attendions bien sûr avec impatience le ballet de Benjamin Millepied, « Paganini ! ». Et nous ne fûmes pas déçus. A l’image de la musique de l’illustre violoniste, de ces « Caprices » qui sont un concentré de difficultés techniques extrêmes, la chorégraphie en est diabolique. C’est là une œuvre qui tout en utilisant un vocabulaire très classique, demande aux danseurs de la virtuosité et une technique très éprouvée.
Si l’on sent de prime abord la patte de Balanchine, voire de Robbins, Benjamin Millepied sait très vite nous conduire dans son univers personnel. Les mouvements, pour aussi techniques qu’ils soient, gardent une fluidité, un lyrisme extrêmes. Certains d’entre eux ont fait frémir la Halle aux Grains, lorsque les danseurs se sont littéralement lancé de l’un à l’autre la frêle Maria Gutierrez.
Ce fut une véritable gageure pour les membres de la Compagnie, qui sont allés au-delà de leurs limites, où de ce qu’ils croyaient être leurs limites. Et nous avons constaté, à quelques erreurs minimes, que le trac s’était invité sur scène pour ce ballet là. Mais d’autres invités étaient là aussi, beaucoup plus importants : la passion, l’envie de danser, l’enthousiasme qui ont animé les danseurs, tous sans exception.
« Paganini ! » avec
Paola Pagano et
Oli Speers (photo Patrice Nin)
« Scènes de force », étonnant.
La création de Jacopo Godani, « Scènes de force », clôturait la soirée. Il nous a été difficile de saisir le sens de ce ballet, même si nous avons apprécié la puissance et la liberté qui s’en dégagent. Sur une musique elle-même très dure, la chorégraphie, athlétique, disloque les danseurs, fait osciller les corps dans de brusques cassures. Minh Pham, dans cet exercice, se révèle hallucinant tant il semble élastique. Ce fut, là encore, la révélation que nos danseurs en sont arrivés à un niveau où ils peuvent se permettre tous les répertoires.
Un vrai « Tour de force »…
Mais le véritable « Tour de Force » fut sans doute la prestation des danseurs. Dans ces trois chorégraphie, peu de solo ou de duo. Ces sont des œuvres écrites pour les ensembles, qui ont mis en valeur les personnalités, les singularités de tous les danseurs. Il nous faudrait ici reprendre le nom de tous les membres de la Compagnie présents sur scène pour cette soirée pour donner la juste mesure de notre plaisir. Et enfin, souligner la performance de danser quatre spectacles en quatre jours, sans interruption.
Alors, pour cette saison particulièrement réussie, merci Madame Glushak.