Danse

Prima la musica

Golden Days - Photo: Christophe Bernard

La première venue de la Compagnie de danse Aterballetto de Reggio Emilia à Odyssud vs le Théâtre de la Cité pour cause de fermeture de la salle blagnacaise, vient de se faire sur un programme intitulé Golden Days. En fait il s’agit de trois ballets signés du chorégraphe suédois Johan Inger: Rain Dogs, créé en 2013, Bliss, créé en 2016 et d’un solo, Birdland, créé en 2017.

Un chorégraphe et une compagnie d’exception donc, et pourtant… Il est vrai que, quelques jours avant, sur cette même scène, le Zéphyr de Mourad Merzouki et sa Compagnie Käfig nous avait entraînés vers des sphères… stratosphériques.  Alors, en ce soir de première (20 décembre 2023), c’est clairement la musique qui a pris le dessus. Il faut dire que les trois compositions qui sous-tendent ces ballets sont des partitions majeures des années 70/80 du siècle dernier.

C’est le Californien Tom Waits, né en 1949, qui ouvre le bal avec Rain Dogs. Sa voix d’acier, rocailleuse et identifiable entre toutes par ses rugosités, s’impose puissamment devant une véritable panoplie de radiocassettes et de haut-parleurs meublant en partie le fond de scène. A vrai dire, la grammaire chorégraphique parait ici un peu confuse et peu claire quant à la nostalgie qui, à l’évidence, est le fil rouge de ce ballet.

Avant le troisième ballet, nous assistons, dans un genre interlude, à un solo pendant le changement de décor à vue. C’est la musique, elle aussi particulièrement présente, de Patti Smith, qui accompagne l’interprète toute vêtue d’un collant noir constellé de brillants, alors que des régisseurs s’activent à faire le ménage et à équiper la scène pour le ballet suivant sans faire attention à la danseuse, celle-ci voyant son aire de jeu diminuer inexorablement. C’est d’ailleurs l’un des régisseurs qui va l’enlever du plateau en la prenant sans trop de ménagement dans ses bras. Birdland est le titre de ce ballet dont on peut imaginer une part d’improvisation aussi brillante qu’importante.

Golden Days

L’ultime partie de la soirée est d’un tout autre niveau. Avec Bliss, sur des variations improvisées de Keith Jarret (né en 1945) lors du mythique Kôln Concert (concert à l’Opéra de Cologne le 24 janvier 1975), les seize danseurs célèbrent la fluidité des corps et des mouvements lors de rencontres à deux, trois, quatre ou bien en formant des ensembles organiques animés de la même fièvre intensément sensuelle. C’est plus léger, plus aérien, plus émouvant en fait. Où l’on retrouve les courses significatives de ce chorégraphe qui ne fait pas l’économie de quelques clins d’œil à une grammaire beaucoup plus classique. Il fallait bien cela pour terminer cette soirée et sortir du théâtre le sourire aux lèvres.

Robert Pénavayre

Crédit photo : Christophe Bernard

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