Une rentrée éclectique et internationale pour le ballet du Capitole, qui avait invité pour l’occasion quatre chorégraphes des quatre coins du monde.
« Fearful Symmetries » ouvrait le bal et de quelle façon !
Cette pièce, que la Compagnie connaît bien pour l’avoir donné sur la scène du capitole et en tournée, est toujours aussi étonnante. Sur les rythmes étourdissants de la musique de l’américain John Adams, qui « donne l’impression d’un mouvement perpétuel », Peter Martins, le danois, dessine une chorégraphie d’une grande rigueur. Exigeante, technique, elle demande aux danseurs de la compagnie, une parfaite maîtrise de leur corps, beaucoup de virtuosité dans l’interprétation et un esprit d’ensemble qui ne souffre aucune imprécision. Et que dire des solistes ! Les trois couples parfaitement assortis (Magali Guerry et Minh Pham, Paola Pagano et Jérôme Buttazoni, María Gutierrez et Breno Bittencourt) nous démontrent, par leur assurance et leur technicité, encore une fois le niveau international atteint par la Compagnie.
Magali Guerry et Minh Pham dans « Fearful Symmetries »
Maria Gutierrez et Breno Bittencourt dans « Pas de Deux »
Avec Balanchine, le « russo-américain », et la profonde connaissance qu’en a Nanette Glushak, le « Pas de Deux » sur la musique de Tchaïkovski, ne pouvait être qu’éblouissant. Et il le fut au-delà de toute espérance.
Breno Bittencourt y fut prodigieux. Prodigieux d’élégance, de puissance, de souffle, de virtuosité. Mais jusqu’où ira-t-il ? Maria Gutierrez fut égale à elle-même, fine, lyrique, musicale, un rien en-deçà de son partenaire pourtant. Et le tonnerre d’applaudissements qui déferla sur les solistes donna la juste mesure du plaisir du public.
Dix ans après sa création par le Ballet du Capitole, « Alla Valse » de Bruno Jacquin, le français de la soirée, nous revenait, subtilement modifié, nous a-t-il semblé.
L’écriture fouillée, le langage résolument contemporain, le jeu magique des lumières qui souligne les mouvements des danseurs, la mosaïque musicale que composent les différentes valses, font de ce ballet une œuvre comme hors du temps. Le couple Pascale Saurel – Raphaël Paratte semble doué d’une vie particulière, les danseurs de la troupe leur faisant un écrin avant de s’animer dans de longs mouvements circulaires, jusqu’à ce que la flamme pétillante de Nuria Arteaga ne vienne pimenter leur danse. C’est une pièce totalement inconvenante sur des musiques très convenables, et ce n’est pas le moindre de ses charmes.
Paola Pagano et Helge Freiberg dans « Saisons de Buenos Aires »
Enfin, c’est avec « Saisons de Buenos Aires » sur une musique d’Astor Piazzolla que se termine cette première soirée. Mauricio Wainrot, l’argentin, a construit sa chorégraphie sur le rythme envoûtant du tango, dans cette nuit « porteña » où les couples se font, s’embrasent, se défient. Le propos est intéressant, mais la réalisation nous a semblé un peu répétitive, et par-là même, un peu longue.
Ce premier spectacle a confirmé le haut niveau de la troupe et sa permanente envie de danser. « Don Quichotte » s’annonce pour le mois de novembre. Et si l’on en juge par le niveau et l’envie de la troupe et des solistes, le prochain spectacle sera encore plus magique que la saison dernière.