Jusque-là inscrit au répertoire des seuls Opéra de Hambourg et Opéra de Paris, cette œuvre majeure de l’immense chorégraphe qu’est John Neumeier fait son entrée aujourd’hui au répertoire du Ballet de l’Opéra du Capitole.
Lorsqu’en 1965, à Stuggart (où il était danseurs dans la Compagnie du Maître John Cranko), John Neumeier assiste, à la création du Chant de la Terre de Kenneth MacMilan, il est subjugué par la musique du compositeur autrichien. Impressionné aussi par la version de MacMilan, il attendra cinquante ans pour créer, enfin, sa propre version. De sa passion pour Malher il nous dit : « Les symphonies de Malher se rapprochent de l’essence de la danse. Dès que vous mettez un corps sur scène, il raconte quelque chose, il est tout entier fait d’une étoffe narrative qui nous élèvent vers des régions métaphysiques. C’est la même chose avec Malher qui compose des formes musicales simples et traditionnelles pour les développer jusqu’à une dimension cosmique. Danse et musique opèrent alors une véritable synthèse ».
Le chorégraphe clôt, avec cette œuvre, son cycle mahlérien, compositeur qui a été tout au long de sa longue carrière son compagnon de route et l’inspirateur d’un nombre impressionnant de ses ballets. Donné rarement, la présentation de ce chef-d’œuvre sur la scène capitoline est un évènement exceptionnel, et vraisemblablement le point culminant de la saison de ballet. Exceptionnel également par le fait que le maître lui-même soit venu diriger les danseurs du Capitole.
La production de l’Opéra de Paris, pour lequel le ballet a été créé en 2015, nous offre des décors et des costumes épurés à l’extrême, dans une atmosphère extrême orientale. Cette scénographie sert d’écrin à une chorégraphie d’une sensibilité rare, expression de sentiments intimes, de profonde mélancolie. Une chorégraphie qui parle d’amour, d’amitié, de solitude, de regrets, de séparation également, mais aussi d’éternité et d’espérance. Cette « symphonie » composée par Gustav Malher à la suite du décès de sa fille aînée, est en réalité un cycle de Lieder, où le chant, très présent, s’intègre ici au ballet. Pour le chorégraphe, la collaboration avec les musiciens doit être harmonieuse et confiante. « J’apprends à mes danseurs à écouter, à s’adapter, à respirer avec les musiciens », confie-t-il.
Pour le bonheur des balletomanes le ballet sera accompagné par l’Orchestre du Capitole dans une formation d’orchestre de chambre, dans la transcription de Schoenberg, sous la baguette du jeune chef Nicolas André, avec la participation de la mezzo-soprano Anaïk Morel, le ténor Airam Hernández, deux brillants interprètes que l’on a pu entendre lors de la saison lyrique sur la scène du Capitole.
Comme à l’habituée, le Ballet du Capitole présente au public plusieurs animations :
Samedi 13 avril , 18h au Théâtre du Capitole, conférence de Cécile Grenier
Samedi 13 avril, 19h30 au Théâtre du Capitole, Carnets de Danse, démonstration et débats commentés.
Mardi 16 avril, 21h à la Cinémathèque , projection du filme de Ken Russel Malher
Annie Rodriguez