Danse

La joie de vivre, le bonheur de danser

Voilà trente années que l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris donne annuellement son spectacle et vingt ans qu’elle est installée à Nanterre. Double anniversaire donc pour ce qui est certainement, de par le monde, la plus prestigieuse et la plus ancienne (elle fut créée en…1713) des institutions en la matière.

C’est lors de la rentrée 2004 que la grande ballerine Elisabeth Platel prend la lourde succession de Claude Bessy, autre immense danseuse qui fut la directrice de cette école pendant 30 ans ! En janvier 2007, ce ne sont pas moins de 164 enfants entre 8 et 18 ans non révolus qui bénéficient d’un enseignement très haut de gamme…gratuit. Les études s’échelonnent sur six ans, de la sixième division (les plus jeunes) à la première division (fin des études) et sont sanctionnées par le concours d’entrée dans le Ballet de l’Opéra de Paris, en fonction des places disponibles. Les élèves peuvent aussi quitter tout simplement l’école à la fin de leurs études pour être engagés dans d’autres compagnies.

Le programme du spectacle 2007 offrait aux élèves, comme aux spectateurs, un voyage au travers de trois univers chorégraphiques bien différents.

Entré au répertoire de l’Ecole en 1992, Le Prisonnier du Caucase, d’après une nouvelle d’Alexandre Pouchkine, sur une musique extraite du Gayaneh d’Aram Khatchatourian et dans une chorégraphie de George Skibine, est le ballet de caractère par excellence, demandant à ses interprètes un engagement dramatique total. Ce sont les premières et secondes divisions (entre 16 et 18 ans) qui assurent les rôles solistes de cette fresque épique au dénouement d’une absolue noirceur. Nans Pierson incarne un Prisonnier terriblement émouvant, dominant avec un cran incroyable le pas de deux du dernier acte et ses redoutables portés. A ses côtés, Héloïse Bourdon-Noury est une bien musicale Tcherkechenka. Enfin comment ne pas souligner l’assurance et l’autorité du Guerrier d’Alexandre Gasse.

Le ballet “Napoli” (Photo David Elofer)

Napoli est l’entrée au répertoire de la soirée. Bien sûr il ne s’agit pas du ballet complet mais du Pas de Six et de la Tarentelle qui le clôturent. Sur une musique d’Edvard Helsted et Holger Simon Paulli, le fondateur de l’Ecole Danoise, August Bournonville, a écrit une chorégraphie pleine de vie et résolument optimiste, une chorégraphie dans laquelle nos jeunes artistes mettent un punch et une jubilation de tous les instants, nous offrant au passage quelques soli d’une fort belle tenue.
Ces deux ballets bénéficiaient de la présence, dans la fosse, de l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, sous la direction plus qu’experte en la matière de Philippe Hui.

Le ballet “Yondering” (Photo David Elofer)

Créé par l’immense John Neumeier en 1996 pour l’Ecole du Ballet National du Canada et à l’usage exclusif d’élèves danseurs, Yondering entra au répertoire de notre école en 1999 et terminait cette soirée. Selon une vieille expression américaine, ce terme désigne l’acte de passer la frontière et de partir à l’aventure. C’est donc un ballet d’une portée symbolique très forte, extrêmement émouvant, tout empreint d’une « mélancolie joyeuse », celle de cet instant tant attendu où l’aventure s’ouvre enfin à leur corps devenu vertige harmonieux de mouvement et de lumière. Ils sont tous là, garçons et filles de la première division, dansant avec un enthousiasme apollinien et une énergie véritablement solaire, sur des chansons populaires de l’Ouest américain mises en musique par Stephen Collins Foster et interprétées par…Thomas Hampson himself (musique enregistrée). Leur joie est évidente. Notre bonheur aussi.

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