Danse

La fraîcheur bienvenue d’une « Fille » retrouvée

Le ballet qui vient de faire son grand retour au répertoire de l’Opéra de Paris est plus important qu’il n’y paraît au premier abord.

En effet, sa durée, 1h43, son sujet, une amourette rurale, et l’effectif requis, deux solistes et la troupe, tout laisse à penser que nous sommes face à une œuvrette mineure. Et bien non ! Au contraire, ce ballet joue un rôle essentiel dans l’Histoire même de la danse car il fut un ballet révolutionnaire, non pas parce qu’il fut créé à Bordeaux en …1789 mais parce qu’il compte parmi les ballets majeurs d’un genre alors nouveau : le ballet pantomime. Exit les pastorales du Grand Siècle, la danse se veut dorénavant expressive et en prise directe avec la vie.

Le Colas tout en musicalité de Mathieu Ganio

(Photo Sébastien Mathé)

A vrai dire, cette « Fille » est le seul ballet de cette école qui nous soit parvenu à ce jour. Il intégra l’Opéra de Paris en 1828 mais connut sous ces ors une existence pour le moins discontinue due à l’émergence du ballet romantique. Il disparut en 1850. Il réapparaît en 1922 puis revient définitivement en 1980.

Brigitte Lefèvre a choisi, pour la présente série, la chorégraphie du grand maître anglais Frederik Ashton, celle-là même qu’il créa en 1960 pour le Royal Ballet de Londres. Pleine de grâce et de naturel, de rythme et d’humour, de virtuosité aussi, elle témoigne de la meilleure image de la danse made in England.

Inutile ici, ce n’est point le lieu d’ailleurs, d’entrer dans le débat d’une partition signée Louis Joseph Ferdinand Herold (1791/1833) et dans laquelle nous retrouvons des extraits signés Rossini et Bellini ! A l’origine, la partition était composée d’airs populaires de l’époque vraisemblablement orchestrés par le 1er violon. C’était l’usage.

Le résultat aujourd’hui est une musique délicieusement poétique, propre à bien souligner la poésie et les situations parfois piquantes de ce ballet, délicatement dirigée par le maître Barry Wordsworth à la tête de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Sidérante incarnation de Stéphane Phavorin dans le rôle travesti de Mère Simone

Pour incarner les amours un temps contrariées de Lise, la jeune paysanne, et de son amant Colas, le Palais Garnier affichait une ballerine invitée qui ne laissera qu’un petit souvenir : Svetlana Lunkina, et une étoile maison : Mathieu Ganio. Ce dernier n’eut aucun mal à s’attribuer le triomphe de la soirée malgré une entrée un rien en retrait mais une suite absolument flamboyante d’autorité, d’élégance et de musicalité qui trouva sa coda dans un vertigineux solo au 2nd acte.

Deux autres artistes sont à féliciter. Dans le rôle travesti de Mère Simone, Stéphane Phavorin (premier danseur) propose une « incarnation » sidérante de technicité et de drôlerie. Dans celui de l’amoureux éconduit, car il y en a un, genre innocent du village mais riche héritier, Allister Madin compose une figure hilarante et pathétique à la fois. Dans l’emploi épisodique du « danseur à la flûte », Mathias Heymann (sujet) ne passe pas inaperçu, bien au contraire.

Le Corps de Ballet est plus qu’à son avantage, c’est tout dire.

Ovations méritées.

Partager

La bouleversante histoire du médaillé d’or olympique de cécifoot
Il nous fait partager ses peurs, ses doutes, ses joies, ses matchs…
BALLET DU CAPITOLE : DANSE, CHANT ET MUSIQUE POUR UN HOMMAGE Á MAURICE RAVEL
Il y a 150 ans naissait, à Ciboure, Joseph Maurice Ravel, et l’année 2025 a été prolixe en hommages. Le Théâtre du Capitole, temple toulousain de la culture, ne pouvait pas ne pas se joindre à ces hommages. Ce sera chose faite pour l’ouverture de la saison du Ballet
« Daphnis et Chloé est un chef-d’œuvre absolu d’orchestration, de transparence et de couleur » Victorien Vanoosten
La saison de ballet du Capitole s’ouvre en majesté avec un hommage à Maurice Ravel
« Les Quatre Saisons » de Vivaldi, le concert solidaire avec Marie Cantagrill
Le mardi 21 octobre à 20h à la Halle aux Grains, les clubs Rotary de Toulouse et de ses environs présentent un grand concert organisé au profit de l’association ASEI.
Effervescence musicale, de Boulez à Ravel et Lalo
Le 9 octobre dernier, l’Orchestre national du Capitole invitait pour la première fois le chef britannique Jonathan Nott et la violoniste espagnole Leticia Moreno dans un programme marquant deux anniversaires de compositeurs français, Pierre Boulez et Maurice Ravel. Edouard Lalo et sa célèbre Symphonie espagnole s’insérait brillamment dans ce
Ariodante, le chef-d’œuvre chevaleresque de Georg Friedrich Haendel, au CGR Blagnac pour une unique projection
Une autre expérience d’opéra au cinéma