Danse

Hip-hop dans le vent

Zéphyr - Photo: Laurent Philippe

C’est en habitué de la programmation d’Odyssud que le chorégraphe français Mourad Merzouki est venu présenter du 13 au 16 décembre 2023 et devant des salles archicombles sa dernière création au Théâtre de la Cité, la salle blagnacaise étant fermée. Après avoir fait littéralement exploser les compteurs de fréquentations avec   Pixel, Vertikal, Boxe, Boxe, Brasil et Folia, Mourad Merzouki nous offre Zéphyr. Derrière ce spectacle, une drôle d’histoire. En effet, sa création, qui prit place le 22 janvier 2022 à la Maison de la danse de Lyon, est en fait une commande, passée un an avant par le Département de la Vendée, sur la thématique de la célèbre course du Vendée Globe. Pour ce chorégraphe lyonnais, spécialiste de hip-hop et d’atomisation de la spatialité scénique, il n’en fallait pas davantage pour inventer et écrire une pièce de 71 minutes qui prend largement le public à témoin. Nous sommes dans la cale d’un bateau, à l’évidence gagné par la rouille, percée de hublots. La mer semble déchaînée, tout comme le vent qui passe par ces ouvertures et envahit la scène et… la salle. Dix marins tentent de survivre, ballottés dans tous les sens.

Zéphyr par la Compagnie Käfig – Photo : Laurent Philippe

Ces danseurs et danseuses, en solo ou en groupes organiques, occupent l’espace, déployant une incroyable énergie. Sous la forme d’une voile articulée de manière virtuose, l’eau va faire son apparition, révélant d’autres dangers…  Voire une sirène… Sur une musique d’Armand Amar dont les influences traversent le monde de tous les possibles, nous assistons, impuissants (évidemment) mais totalement hypnotisés à cette version hip-hop du Radeau de la Méduse. Cela dit, ce ballet est plus pictural que narratif. Il est une invitation à une métaphore terriblement d’actualité concernant le devenir des Humains face à une Nature qui parfois les rappelle à leurs devoirs de manière cruelle. Mais la réflexion finale du chorégraphe et des magnifiques interprètes de sa compagnie Käfig (cage en arabe) se veut apaisée et porteuse d’ambitions sereines quant à notre devenir.

Un bis en forme de bonus ravageur permet aux danseurs de se présenter… en dansant et met la salle debout dans des ovations sans fin. Un spectacle vertigineux !

Robert Pénavayre

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