Danse

Danse/ Ballet du Capitole – Casse-noisette (26/04/2009)

Pour cette reprise de Casse-Noisette, nous sommes loin du sombre conte d’Hoffmann, et cette nouvelle production renforce plutôt l’aspect féerique que sut lui donner Alexandre Dumas en adaptant l’argument du « Casse-Noisette et le Roi des rats » de l’écrivain allemand. Un vrai conte de Noël ; et le temps semblait s’être mis à l’unisson de l’œuvre, pour mieux nous faire pénétrer cette atmosphère sucrée de la Montagne des Douceurs.

Maria Gutierrez et Breno Bittencourt dans “Casse-noisette” (© David Herrero)

Dès les premières mesures, le ton est donné avec le rideau de scène où nous découvrons tout un décor de Noël, et cette vieille dame qui retrouve, dans une malle ancienne, ce Casse-Noisette souvenir d’un passé où le rêve la replonge.

Et nous nous retrouvons dans le salon des Stahlbaum pour ce premier acte pantomime qui nous raconte toute l’histoire de la petite Clara et de son Prince Casse-Noisette. Clara c’est María Gutierrez qui a retrouvé tout son potentiel. Ses grands jetés, ses équilibres sont parfaits, ses dons de comédienne toujours aussi éclatants dans ce rôle. María a 15 ans et l’on y croit tant elle est gracieusement juvénile, avec une silhouette retrouvée. Son Prince c’est Breno Bittencourt bien évidemment. Quels nouveaux mots, quels nouveaux superlatifs pourrions-nous trouver pour cette nouvelle performance de ce danseur, qui a fait passer, au-delà de la technique, une émotion ressentie par tout le public ? Ce couple est absolument exemplaire dans sa complicité, l’attention que ces deux partenaires se portent, la confiance qu’ils se témoignent dans l’exécution d’une chorégraphie qu’ils connaissent sur le bout des chaussons.

Paolo Pagano et Saul Marziali

(© David Herrero)

Luca Masala reprend le rôle de Drosselmeier, lui donnant, un aspect plus malicieux, plus magicien et moins inquiétant que dans la production précédente. Il porte avec cette élégance qui lui est si naturelle un costume qui participe à la magie du personnage.

Les enfants qui entourent Clara font largement honneur aux écoles de danse toulousaines dont ils sont issus, et la petite Elodie Garcia devait ici se souvenir de sa prestation lors de la Fête de la Danse où elle incarnait… Clara !

Soulignons dans cette première partie la prestation toute en drôlerie des automates Nuria Arteaga et Frédérik Sellier, et la superbe mécanique du soldat de plomb Raphaël Paratte.

Le combat des rats et des petits soldats fit frémir comme il se doit les enfants dans la salle, les nouveaux costumes des rats étant à notre avis plus effrayants que dans la production de 2007.

Breno Bittencourt, malgré la très lourde tête de carton pâte qui le coiffait fut toujours aussi étonnant.

La transition entre la réalité et le rêve se fait par le truchement de la valse des flocons de neige, un féerique voyage blanc parfaitement exécuté par les danseuses du corps de ballet, portées par les voix cristallines de la maîtrise du Capitole.

Le deuxième acte laisse traditionnellement place à la danse pure, Clara et son Casse-Noisette deviennent spectateurs d’un tour du monde chorégraphique. De la danse espagnole à la danse russe, de la chinoise à celle des mirlitons, tous les danseurs firent preuve de leur joie de danser et de leur niveau par une interprétation sans défaut. Juliana Bastos fut la délicate « Goutte de Rosée » de la célébrissime « Valse des Fleurs ». La beauté et la grâce de cette danseuse sont toujours, et quelque soit la chorégraphie, un véritable régal pour les yeux, d’autant que tout ceci se double d’une excellente technique.

Magali Guerry et Kasbek Akhmedyarov (© David Herrero)

Paola Pagano et Saul Marziali furent les interprètes remarquables de la danse orientale. Ces deux danseurs nous firent une véritable démonstration de technique et de virtuosité. Paola, souveraine comme à son habitude, fut une liane entre les bras de Saul, remarquable partenaire ; attentif et magnifique dans ses portés. Ce couple de danseurs est l’un des plus assortis de la Compagnie.

Mais l’autre couple vedette, outre María et Breno, ce furent sans conteste Magali Guerry et Kasbek Akhmedyarov, la Fée Dragée et le Prince Bienfaisant du conte. Ils dansèrent avec une parfaite harmonie, exécutant leur pas de deux avec une assurance, une élégance et une virtuosité sans faille. Il est certain que Kasbek semble plus à l’aise dans ces œuvres classiques où toute la technique de l’école russe, qu’il possède parfaitement, le sert de manière extraordinaire.

Magali fut la fée légère et aérienne qu’implique le rôle. Il est pourtant dommage que le costume qu’elle porte dans cette nouvelle production soit si peu seyant ; cela gâche un peu la magie de ce pas de deux.

Un seul regret lors de ce spectacle : l’orchestre. Se contentant d’accompagner la danse, Jiri Petrdlik, le chef tchèque invité, ne donna à aucun moment ce brillant, cette envolée qui caractérisent la musique de Tchaïkovski.

A cette remarque près, le spectacle fut encore une réussite de Michel Rahn qui en signait la chorégraphie et de Nanette Glushak, qui nous démontrait une fois de plus la valeur de son travail auprès des danseurs.

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