Danse

Coppélia, une interprétation mémorable

Revoir un ballet parmi les plus classiques, revoir une chorégraphie déjà connue, dansée par une Compagnie dont nous connaissons toutes les qualités, voilà qui peut sembler ne présenter pas grand intérêt ! Et pourtant ! C’est sans compter sur les évènements inattendus, ainsi qu’il est advenu pour ce cinquième programme du Ballet du Capitole.

Maria Gutiérrez et Davit Galstyan (Photo David Herrero)

Dernier des grands ballets romantiques créés à l’Opéra de Paris, Coppélia mêle avec bonheur comédie, danse, pantomime d’où ne sont pas absentes virtuosité et technique. La musique de Léo Delibes a gardé toute sa fraîcheur et son charme près d’un siècle et demi après son écriture. Et la chorégraphie de Nanette Glushak, inspirée par celle d’Enrique Martinez a ces mêmes qualités. Cette version que nous avons eue le loisir de voir à plusieurs reprises est toujours aussi révélatrice des talents des danseurs. Et nous avons assisté, pour ces représentations, à un vrai feu d’artifice, et surtout nous avons pu être témoin de l’excellente réactivité des danseurs.

Takafumi Watanabe

(Photo David Herrero)

Swanilda-Coppélia était dansée en alternance par María Gutiérrez et Maki Matsuoka. La technique, la musicalité, le charme, l’interprétation subtile dont l’une et l’autre font preuve sont un vrai ravissement pour les spectateurs. Les tours, les sauts, les arabesques renversées, les assemblés impeccables, rien ne leur résiste. Peut-être faut-il souligner l’extraordinaire talent d’actrice de María Gutiérrez. Charmeuse, fâchée, mutine ou apeurée elle possède sur le bout des doigts le vocabulaire des expressions, qui mieux que les mots révèle les émotions. Son partenaire surprise fut Davit Galstyan. En effet, Kasbek Akhmedyarov s’étant blessé juste avant la générale, Davit a dû le remplacer au « pied levé » (si l’on me permet cette expression) sans avoir vraiment travaillé à fond le personnage. Et il nous donna une magnifique leçon de maestria.

Doté d’excellents dons d’acteur lui aussi, il fut un Franz remarquable. Si l’on ajoute qu’il assura avec brio toutes les difficultés chorégraphiques du rôle, on ne peut qu’applaudir avec enthousiasme, comme le fit le public, à cette performance. C’est Valerio Mangianti qui donnait la réplique avec élégance et beaucoup d’humour à Maki Matsuoka, nous donnant à voir un couple parfaitement à l’unisson.

Maki Matsuoka et Valerio Mangianti (Photo David Herrero)

La version de Nanette a ceci d’intéressant c’est qu’elle met en lumière le travail des ensembles et la Mazurka ou la Czardas du 1er acte, en particulier, en font parfaitement la démonstration. Paola Pagano y est superbe comme à l’accoutumée, de même lors de son interprétation de la Variation de la Prière du 3ème acte. Mais la véritable non pas révélation (car nous l’avions déjà remarqué, en particulier dans Les Trois Mousquetaires) mais confirmation d’un très grand talent nous est venu de Takafumi Watanabe qui explose véritablement dans la Czardas, en remplaçant Davit Galstyan (devenu Frantz entre-temps !). Il y est incroyable d’élévation, ses sauts, ses jetés, sont parfaits. C’est un vrai bonheur de le voir danser. Il est également un partenaire très attentif à Tatyana Ten, légère et musicale, elle aussi remplaçant Pascale Saurel.

Paola Pagano

(Photo David Herrero)

Mais il faudrait citer ici l’ensemble des danseurs du corps de ballet qui sont pour une bonne part, à l’origine du plaisir pris par le public, plaisir qu’il manifesta par des applaudissements incessants. Enfin, et ce n’est pas une moindre chose, le ballet était accompagné par l’Orchestre de Chambre de Toulouse sous la direction du chef mexicain Enrique Carreon Robledo. Ce chef, que le ballet connaît bien puisqu’il a dirigé un mémorable Don Quichotte et ce même Coppélia, dirige avec beaucoup de finesse et surtout d’attention aux danseurs et à ce qui se passe sur scène. Son enthousiasme est contagieux. C’est la première fois que nous entendions l’Orchestre de Chambre de Toulouse dans ce répertoire et l’on doit dire que le résultat est remarquable. Jouant des nuances ou au contraire des brillances de la partition, il donne un relief tout particulier à la partition de Léo Delibes.

S’il en était encore besoin, ces représentations de Coppélia démontrent de façon éclatante le travail rigoureux et suivi de Nanette Glushak au sein du ballet, qui permet ce que l’on a pu voir sur scène : des danseurs parfaitement capables de tenir, et avec quel brio, un rôle pour lequel ils n’étaient pas prévus à l’origine. Bravo Madame !

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