Il y a 150 ans naissait, à Ciboure, Joseph Maurice Ravel, et l’année 2025 a été prolixe en hommages. Le Théâtre du Capitole, temple toulousain de la culture, ne pouvait pas ne pas se joindre à ces hommages. Ce sera chose faite pour l’ouverture de la saison du Ballet du Capitole, du 18 au 26 octobre. Et pour ce faire, il réunira toutes les forces vives de cette maison : Le Ballet, l’Orchestre et les Chœurs.
WALKING MAD
Le rideau s’ouvrira sur Walkind Mad, ballet de Johan Inger, entré au répertoire du Ballet du Capitole en 2012. Le chorégraphe, qui signe aussi les décors et les costumes, a choisi, le célébrissime Boléro du compositeur basque, pour en faire une relecture très contemporaine, pleine d’une énergie fulgurante. « Les plus grands bienfaits nous viennent de la folie » : cette phrase de Socrate a inspiré cette œuvre, où le rythme effréné ne masque pas la tendresse et l’humour. Le chorégraphe définit ainsi son ballet : « Dans Walking Mad, on s’attache toujours à la beauté des corps, à l’exaltation des sens et des sentiments, à la liberté de l’expression et des échanges, mais il y a aussi entre l’homme et la femme quelque chose de l’ordre de la gêne, voire de la dureté. Il y a la peur, la maladresse, la conscience des limites, et c’est cet ensemble d’éléments, parfois contradictoires, qui traversent Walking Mad ». La musique d’Arvo Pärt vient ici, en contrepoint du Boléro, souligner la modernité de la chorégraphie.

Walking Mad – Chor. Johan Inger – © David Herrero
DAPHNIS ET CHLOÉ
C’est en 1912 que Maurice Ravel compose pour les Ballets Russes de Serge Diaghilev, un poème symphonique avec chœur qui deviendra l’un des chefs-d’œuvre de la musique française du XXème siècle. Fokine, le chorégraphe, et Nijinski, le danseur, créèrent sur cette musique l’un des très grands ballets de cette troupe, même si, arrivant après l’Oiseau de Feu et Petroushka, d’Igor Stravinsky, il n’eut pas ,d’emblée, le même succès, avec seulement deux représentations au lieu des quatre prévues. Travaillant avec Fokine à l’élaboration du livret voici ce qu’en dit le compositeur : « Je viens de passer une semaine folle : préparation d’un livret de ballet destiné à la prochaine saison russe. A peu près tous les soirs, travail jusqu’à 3h du matin. Ce qui complique les choses, Fokine ne sait pas un mot de français. Je ne sais que jurer en russe. Malgré les interprètes, vous imaginez la saveur de ces entretiens. » Pour Diaghilev cette musique : « C’est un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un ballet. C’est la peinture d’un ballet ».
L’argument du ballet est tiré d’une œuvre attribuée à Longus le Sophiste, vraisemblablement écrite entre le IIème et le IIIème siècle de notre ère. Elle conte, dans une ambiance pastorale, l’histoire du berger Daphnis , son amour pour Chloé, l’enlèvement de cette dernière par des pirates, l’intervention du dieu Pan et la fin heureuse. Conçue en un seul mouvement en trois parties enchaînées, le génie orchestral de Ravel irradie cette partition dont le point culminant est le « Lever du jour ».

Daphnis et Chloé – Chor. Tierry Malandain – © David Herrero
En 2022, Thierry Malandain, pourtant réticent à créer en dehors de sa Compagnie, accepte de le faire, pour le Ballet du Capitole, interprète, déjà, de plusieurs de ses œuvres. Son approche est liée à la musique elle-même, plus qu’à l’argument. Mais dit-il : « la musique de Ravel est très difficile à chorégraphier, mais c’est elle qui prime, elle submerge tout ». L’œuvre, ici, est un véritable concert à trois interprètes : la musique, le chant et la danse, trois éléments absolument indissociables.
L’Orchestre national du Capitole sera placé sous la direction de Victorien Vanoosten, chef polyvalent dirigeant aussi bien à l’opéra, au concert comme au ballet. Ami de Thierry Malandain il a dirigé pour lui l’Oiseau de Feu et le Boléro. (cf l’entretien avec Victorien Vanoosten, réalisé par Robert Penavayre, ClassicToulouse).
Le Chœur de l’Opéra National est placé, quant à lui, sous la direction de Gabriel Bourgoin.
Annie RODRIGUEZ
Théâtre du Capitole : 18, 21, 22, 24 et 25 octobre à 20h – 16 et 26 octobre à 15h.
Réservation : opera.toulouse.fr / tel. 05 61 63 13 13 / billetterie@capitole.toulouse.fr