C’est la Danse que la scène du Capitole avait choisie pour commencer cette année nouvelle. Et Nanette Glushak, avait, quant à elle, fait le choix de la reprise de 3 ballets, en forme d’hommage.
« Thème et Variations » est l’hommage de Balanchine à Marius Petipa, et celui de Nanette Glushak à son maître. Véritable leçon de danse académique et épreuve technique s’il en est, ces variations sur la musique de Tchaïkovski nous donnèrent à voir un corps de ballet irréprochable dans l’exécution d’une chorégraphie qui ne supporte pas l’à-peu-près. Rigueur des ensembles, musicalité et lyrisme, tout y était. Les solistes n’étaient pas en reste : Magali Guerry et sa légèreté d’elfe, la superbe et le brio de Breno Bittencourt, se jouèrent des difficultés chorégraphiques balanchiniennes, avec une assurance et une autorité qui sont l’apanage des danseurs confirmés.
Le second hommage était celui de Jiří Kylián à son compatriote Leoš Janáček. Par un langage chorégraphique mêlant classique et moderne, Jiří Kylián nous aspire et nous emporte vers les paysages tchèques (remarquablement présents dans le fond de scène de Walter Nobbe) et la joie de vivre de son peuple. Les cinq mouvements qui composent l’œuvre permettent aux danseurs de montrer les mille facettes de leur talent. Il nous faudrait citer ici l’ensemble des danseurs, car tous, au long de ces cinq mouvements, ont su nous confirmer que cette troupe est bien une Compagnie de niveau international. Tous ont une personnalité bien affirmée, mais tous aussi savent parfaitement se plier à la règle des ensembles. On nous permettra, au passage, de mettre en exergue un « petit nouveau », Jean Claude Nelson, qui nous a fait forte impression.
Nuria Arteaga – Henrik Victorin
Enfin, le dernier ballet rendait hommage à Jacques Brel. Ben van Cauwenberg évoque à travers neuf chansons l’univers mélancolique ou railleur de son compatriote. Et c’est un véritable feu d’artifice. Si les deux premiers ballets faisaient la part belle aux ensembles, ici l’occasion nous est donnée d’apprécier mieux les individualités. Pas de deux, solo ou trio, l’éblouissement est au rendez-vous.
La chorégraphie emprunte beaucoup au vocabulaire classique, mais sait aussi utiliser le mime et la grammaire moderne et contemporaine. Maria Gutierrez et Breno Bittencourt sont exquis de tendresse et de poésie et nous confirment, s’il en était encore besoin, qu’ils sont le prototype du couple de danseurs sur scène.
Juliana Bastos – Oli Speers
Complémentaires, attentifs l’un à l’autre, ils font preuve d’une technique qui s’affirme de ballet en ballet, et chacune de leurs interprétations, qu’elle soit classique ou contemporaine, est un bonheur pour le spectateur. Juliana Bastos et Oli Speers surent faire passer toute l’émotion contenue dans « Voir un ami pleurer ». Paola Pagano, toujours aussi belle, Henrik Victorin et Jérôme Buttazzoni nous firent vibrer dans l’évocation du « Plat Pays ». Davit Galstyan campe un « bourgeois » d’anthologie et fait preuve de qualités d’acteurs que nous avions déjà observées dans « La Mégère apprivoisée ». Anne Fresnois et Jean Claude Nelson (encore…) furent bouleversants d’émotion retenue, de tendresse dans leur interprétation de « La chanson des vieux amants ». Il est impossible d’évoquer Brel sans que nous viennent immédiatement aux lèvres les paroles de « Ne me quitte pas » : l’ensemble des interprètes dansa ce final, apothéose musicale et chorégraphique de cet hommage au chanteur.
Maria Gutierrez – Breno Bittencourt
Le public leur fit un véritable triomphe. Brel, Nougaro…cette musique là serait-elle source d’inspiration pour les chorégraphes, et de joie de danser pour nos danseurs ? Sûrement, si l’on en croit l’intensité des applaudissements reçus chaque fois.