Concerts

Triple talent

Moins nombreux que les quatuors à cordes, les trios avec piano constitués ont à leur disposition un répertoire riche et d’une grande qualité musicale. Rares sont les formations dont les musiciens se consacrent exclusivement à cette activité exigeante. C’est le cas du tout jeune Trio Dali, invité des Arts Renaissants, qui fait une entrée remarquée dans ce petit monde de « happy few » de la musique de chambre.

Premier Prix et Médaille d’Or du 6ème Concours International de Musique de Chambre d’Osaka (Japon), Premier Prix du prestigieux Concours International de « Klavier Trio de la Commerzbank de Francfort » (Allemagne) et Second Prix du Concours « Young Concert Artists International Auditions » de New-York, voici des récompenses qui en disent long sur le remarquable accomplissement de ces jeunes artistes dont le nom du baptême ne fait pas référence au célèbre peintre surréaliste. Il s’inspire de la ville du Yunnan chinois, Dali, d’où l’on extrait un marbre précieux destiné à confectionner des œuvres d’art.

Les jeunes musiciens du trio Dali. De gauche à droite : Christian-Pierre La Marca, Amandine Savary et Vineta Sareika (Photo Classictoulouse)

Le 19 janvier dernier, Vineta Sareika, violon, Christian-Pierre La Marca, violoncelle, et Amandine Savary, piano, présentaient, dans le salon rouge du musée des Augustins, un programme original, ouvert aussi bien sur le grand répertoire classique que sur la découverte. Le jeu de ces jeunes artistes impressionne immédiatement par sa cohésion, sa précision et sa réactivité. Aucune inertie, aucune pesanteur ne vient alourdir le propos. En outre, la virtuosité (évidente) de chacun reste au service de l’ensemble. Il s’agit bien ici d’un trio considéré comme un instrument complet et non de l’association de trois musiciens, si brillants soient-ils.

Dans le Trio n° 6 de Beethoven, les Dali réalisent un parfait équilibre entre rigueur du texte et expression. Le silence émouvant d’où émerge timidement le premier volet enchaîne sur une sorte de « rêverie et passion » qu’enrichit une étonnante palette de nuances. Dans l’Allegretto qui suit, l’utilisation judicieuse des accents permet aux interprètes de souligner habilement les contrastes expressifs, tellement habités chez Beethoven. La grâce tendre de l’Allegretto ma non troppo débouche enfin sur un Finale, presto auquel la danse confère un élan irrésistible.

Le très poétique trio en la mineur de Ravel, qui conclut le programme offre aux interprètes un matériau sonore et affectif idéal. Chaque mouvement possède son propre caractère. Ils abordent ainsi l’étrange oscillation du Modéré dans une transparence magique, alors que la vivacité du fameux Pantoum brille comme du cristal. La tension de la Passacaille se résout sur un crescendo irrésistible qui donne le frisson. Enfin, l’ultime volet illumine l’horizon comme un lever de soleil.

Entre ces deux grands classiques, les jeunes musiciens proposent au public un œuvre forte d’aujourd’hui, le Trio n° 2 de Mauricio Kagel, compositeur argentin, iconoclaste et imaginatif, disparu en 2008. Cette œuvre prémonitoire des tragiques événements du 11 septembre 2001 à New-York en porte les stigmates. Partition noire et dramatique en un seul mouvement, elle oppose les séquences d’angoisse et de violence déchaînée. La précision diabolique qu’elle requiert trouve auprès du Trio Dali un véritable expert. Le langage de cette pièce, qui reste très structurée, utilise tous les moyens expressifs dont disposent les instruments et que les jeunes musiciens adoptent avec une impressionnante maturité. De la bien belle ouvrage !

Le public ravi obtient deux bis contrastés : le final échevelé du fameux Trio « A la hongroise » de Haydn (tempo vertigineusement éblouissant !) et la très poétique Romance de Schumann.

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