Le 28 septembre prochain, le premier concert 2024-2025 de la phalange symphonique toulousaine marque l’inauguration du mandat de directeur musical de Tarmo Peltokoski. Un programme musical ambitieux confère à cet événement un lustre particulier. Richard Wagner et Gustav Mahler participeront à cette célébration.
Rappelons que depuis le 1er septembre 2024 Tarmo Peltokoski occupe les fonctions de Directeur musical « désigné ». Lors de cette première saison, il assurera une présence évaluée à six semaines. A partir de la saison 2025-2026, il occupera à part entière la charge de Directeur musical.
Ce concert inaugural du 28 septembre s’ouvrira avec le prélude de l’opéra Tristan et Isolde de Richard Wagner. Cette partition prophétique sera suivie de la Symphonie n° 2 dite Résurrection de Gustav Mahler. Deux partitions très différentes en termes de durée mais assez proches par l’esprit et par l’évocation de la mort qui les imprègne.
Créé le 10 juin 1865 au Hoftheater de Munich, l’opéra Tristan et Isolde, qualifié « action musicale » de Wagner, provoque un choc d’une intensité telle que le public est saisi d’un enthousiasme extraordinaire. Friedrich Nietzsche insistera dans La Naissance de la tragédie à partir de l’esprit de la musique (1872) sur « le charme dangereux de Tristan et Isolde, qui brise l’auditeur assez imprudent pour se jeter dans les flots de la musique wagnérienne sans la médiation du langage et des personnages ». Dès ses premières mesures, le prélude de l’œuvre plonge l’auditeur dans un océan symphonique, dans lequel le thème du désir, avec son chromatisme inquiet et douloureux, est répété trois fois avec toujours plus d’insistance avant l’explosion orchestrale.
La Symphonie n° 2 de Gustav Mahler qui suivra n’est pas éloignée de cet esprit. Commencée à l’âge de 28 ans en 1888 à Leipzig, dans la foulée de sa Première symphonie, elle s’ouvre sur le poème symphonique, Totenfeier, « fête des morts », qui restera isolé pendant cinq ans.
Occupé par ses activités de chef d’orchestre, il met l’œuvre dans un tiroir, surtout après les paroles méchantes de Hans von Bülow : « Si ce que j’ai entendu est de la musique, alors je ne comprends plus rien à la musique ». Il terminera enfin son œuvre en 1894, à l’âge de 34 ans
Cette partition est l’une des quatre symphonies de Mahler utilisant des voix : une contralto chante le mouvement intitulé Urlicht (Lumière originelle), et le final requiert une soprano, la contralto et un chœur. Le texte de ce final est composé de huit vers de l’ode Aufersteh’n (Lève-toi !) de Friedrich Gottlieb Klopstock, et le reste est de la main de Mahler lui-même.
Lors de ce concert du 28 septembre, l’Orchestre national du Capitole, dirigé par Tarmo Peltokoski, est rejoint par deux chanteuses solistes : la soprano finlandaise Silja Aalto et la mezzo-soprano allemande Wiebke Lehmkuhl. En outre, la partie chorale du final bénéficiera de la participation d’un double chœur. Au Chœur de l’Opéra national du Capitole, chef de Chœur Gabriel Bourgoin, se joindra le Chœur de Radio France, dirigé par son chef Lionel Sow.
La saison musicale s’ouvre sous les meilleurs auspices.
Serge Chauzy