Pour son concert d’abonnement du 4 juin prochain, l’Orchestre National du Capitole investit le grand répertoire russe dans lequel son directeur musical Tugan Sokhiev plonge ses racines. Tchaïkovski et Chostakovitch, deux faces spécifiques d’une même culture, composent un programme à la fois intense et contrasté. Le jeune violoncelliste arménien Narek Hakhnazaryan sera le soliste de cette soirée.
Le jeune violoncelliste arménien Narek Hakhnazaryan sera le soliste des
Variations sur un thème Rococo, de Tchaïkovski © Ruth Crafer
L’édition 2011 du prestigieux Concours Tchaïkovski de Moscou a vu les victoires de deux jeunes prodiges : le pianiste Daniil Trifonov et le violoncelliste Narek Hakhnazaryan qui ont reçu la médaille d’or tant convoitée. Tous deux sont à l’orée d’une grande carrière. Né en 1988 à Erevan, Narek Hakhnazaryan a commencé ses études dans sa ville natale, avant de prendre à 11 ans le chemin de Moscou. C’est en effet au Conservatoire Tchaïkovski qu’il a reçu une grande partie de sa formation, auprès d’Alexey Seleznyov. Fort de ce bagage, Nazek Hakhnazaryan s’est ensuite perfectionné à Boston, au New England Conservatory, sous la conduite de Laurence Lesser. Les Etats-Unis ont d’ailleurs beaucoup compté dans le démarrage de la carrière d’un soliste qui a remporté en 2008 le Premier Prix des Young Concert Artists International Auditions – un précieux sésame dans la vie musicale américaine. Les commentateurs sont unanimes pour saluer les éminentes qualités d’un interprète que l’on entendra à Toulouse dans les lyriques et brillantes Variations sur un thème Rococo pour violoncelle et orchestre de Tchaïkovski. Une des œuvres les plus aimées du répertoire romantique du violoncelle. Le compositeur, on le sait, vouait un véritable amour à la musique de l’époque classique et en particulier à celle de Mozart. L’influence de ce dernier est donc très présente dans ces Variations dont la première exécution a eu lieu à Moscou en novembre 1877, par son dédicataire Wilhelm Fitzenhagen et sous la direction de Nikolaï Rubinstein.
Tugan Sokhiev en répétition à la tête de l’Orchestre National du Capitole
– Photo Patrice Nin –
Lors du prochain concert du 4 juin, cette partition souriante sera entourée de deux pièces d’une rare intensité expressive. Le concert d’ouvrira sur la Suite de Katerina Ismaïlova, de Dimitri Chostakovitch. Après sa violente condamnation dans la Pravda en 1936, l’opéra Lady Macbeth de Msensk disparut des scènes soviétiques. Ce n’est qu’après la mort de Staline que Chostakovitch entreprit de remanier le livret et d’offrir une nouvelle version de son opéra sous le titre Katerina Ismaïlova. Elle dut attendre décembre 1962 pour être représentée à Moscou. La Suite op. 114a est constituée des cinq entractes symphoniques de l’ouvrage.
L’ultime maillon symphonique de la « trilogie du fatum », la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski, occupera la seconde partie du concert. Surnommée « Pathétique » par Modeste Tchaïkovski, le frère du compositeur, en raison du caractère extrêmement tourmenté de l’œuvre, cette symphonie fut créée le 16 octobre 1893, neuf jours seulement avant la disparition du compositeur dans des circonstances troubles. On attribue généralement au choléra la mort du compositeur qui aurait bu de l’eau de la Néva non stérilisée. Certains témoignages accréditent l’idée qu’il s’agirait d’un suicide lié à la découverte de sa liaison homosexuelle avec le neveu d’un noble de la cour impériale. En tout état de cause cette 6ème symphonie constitue un véritable testament musical s’achevant dans le silence glacé d’un mouvement final significativement intitulé Adagio Lamentoso.
La direction de Tugan Sokhiev constituera sans nul doute, tout au long de ce concert, un gage d’authenticité et de vérité.