Concerts

Présences vocales : audaces et découvertes

Il s’agit vraiment d’un événement culturel primordial. Pour la troisième saison, quatre institutions majeures de Toulouse et sa région mettent en commun leur savoir-faire afin de promouvoir la création musicale et vocale. L’élargissement du répertoire aux productions d’aujourd’hui n’est pas seulement souhaitable, il est une nécessité, un élixir de jouvence contre la sclérose ! Il faut donc saluer l’initiative du collectif éOle, d’Odyssud, du Théâtre du Capitole et du Théâtre Garonne qui éclaire le paysage culturel de la région.

Les responsables de ces institutions, réunis le 16 septembre dernier au foyer du Théâtre du Capitole, le confirment. Il ne s’agit pas de créer une institution supplémentaire au panorama toulousain. Le but est de susciter une synergie entre ces organismes dans le but de promouvoir la création musicale et l’accès d’un public le plus large possible aux manifestations qui leur sont proposées dans ce cadre. Bertrand Dubedout, pour le collectif éOle, Emmanuel Gaillard pour Odyssud, Frédéric Chambert pour le Théâtre du Capitole et Jacky Ohayon pour le Théâtre Garonne décident donc d’apporter leur contribution active à l’action commune.

Ils constatent ainsi qu’il n’existe pas UNE musique contemporaine, mais une floraison de voies diverses dans laquelle chaque œuvre est un monde en soi. Le partenariat maintenant bien établi propose pour cette saison 2011-2012 un cycle élargi à sept manifestations nouvelles, originales et dont la qualité constitue le point commun obligatoire.

Le compositeur libanais Zad Moultaka dont « La Passion selon Marie » sera créée en

ouverture de la saison des Présences Vocales

Le 26 septembre 2011, dans le cadre de la saison d’Odyssud, la cathédrale Saint-Etienne accueille la nouvelle création de Zad Moultaka, composteur libanais déjà connu à Toulouse pour ses œuvres originales et fortes, intitulée « La Passion selon Marie ». Dans cette partition nouvelle, Zad Moultaka « explore, à travers la mémoire orientale et syriaque, le thème ancien de la Passion du Christ et sa dimension exceptionnellement dramatique. » Le Chœur de chambre les éléments, dirigé par Joël Suhubiette, le Concerto Soave de Jean-Marc Aymes, ainsi que la soprano Maria Cristina Kiehr participent à cette grande création.

Les 4, 5 et 6 novembre, l’opéra Polyeukt, composé par le Polonais Zygmunt Krauze d’après le Polyeucte de Corneille, est représenté au Théâtre du Capitole, dans le cadre de sa saison lyrique. Il s’agit là d’un spectacle original de l’Opéra de chambre de Varsovie, mis en scène par le grand Jorge Lavelli qui a également collaboré à l’écriture du livret et qui est fasciné par ce « drame des grandes passions et des conflits humains. »

Le 20 novembre, à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, la présentation, dans le cadre du festival Novellum, de L’Orestie de Yannis Xenakis constitue un événement important. Il s’agira en effet de la création française de la version intégrale de l’œuvre de ce grand novateur. Composée en 1965, L’Orestie se fonde sur la trilogie dramatique d’Eschyle datant du Vème siècle avant J.-C. et qui relate la tragédie d’Oreste, meurtrier de sa mère Clytemnestre pour venger l’assassinat de son père Agamemnon. 14 musiciens de l’Orchestre Perpignan Méditerranée, les Maîtrises des Conservatoires de Perpignan et de Toulouse en seront les interprètes.

L’ensemble « Les Solistes XXI » dirigé par Rachid Safir (Photo DR)

Le 7 janvier, le Théâtre Garonne reçoit le très beau spectacle intitulé Ombres de Madrigal qui établit un pont entre la Renaissance et notre époque. Les Solistes XXI, sous la direction de Rachid Safir, associent le monde du madrigal, illustré par Monteverdi et Gesualdo, et le Hochzeitsmadrigal de Peter Eötvös ainsi que le cycle des Love Songs du compositeur canadien Claude Vivier, assassiné dans la nuit du 7 au 8 mars 1983 à l’âge de 35 ans.

Les 20 et 21 janvier, au petit Théâtre Saint-Exupère de Blagnac, Odyssud reçoit l’opéra radiophonique composé par Pierre Jodlowski en hommage à Georges Perec, Jour 54. Cette commande de Radio-France, d’après 53 jours de Georges Perec, est créée dans une version scénique de l’enregistrement effectué par l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, dirigé par Jean Deroyer, avec les voix de grands acteurs comme Michael Lonsdale.

Le grand compositeur américain

John Cage dont on célèbrera le

centenaire
(Photo Susan

Schwarzenberg)

Le 17 mars, le Théâtre du Capitole célèbre le centenaire de la naissance de John Cage, illustre inventeur iconoclaste de musique avec un spectacle intitulé John Cage Project. Tous les espaces de la maison toulousaine d’opéra seront ouverts pour ce kaléidoscope déambulatoire. Joëlle Léandre, contrebasse et voix, Wilhelm Lachoumia, piano, Dominique Boivin, danse, Bertrand Dubedout, récitant, seront les acteurs principaux de l’événement dont l’acoustique sera réglée par le collectif éOle.

Enfin le 2 avril, le Théâtre Garonne reçoit Cathédrale de Misère, une performance inspirée de la tragédie contemporaine des « hikikomori », forme pathologique d’agoraphobie chez certains adolescents japonais. Le spectacle intègre la Ursonate, recueil de poésie sonore de Kurt Schwitters et des extraits de la fameuse Messe de Liverpool, de Pierre Henry.

Interprété par Steven Schick sur une électronique live de Wilfried Wendling, ce spectacle est assuré par le collectif éOle pour la diffusion du son.

Voici un panorama particulièrement attrayant pour tous les curieux de musique nouvelle. Signalons que les tarifs pratiqués pour toutes ces manifestations se révèlent très abordables pour tous.

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