Le 21 septembre, l’un des grands récitals du 33ème festival Piano aux Jacobins coïncide avec le concert d’ouverture de la saison de Grands Interprètes. Les deux institutions ont misé sur une personnalité musicale d’exception. Krystian Zimerman, qui réside en Suisse, est né en 1956 à Zabrze, en Pologne où il a étudié au conservatoire de musique de Katowice avec Andrzej Jasiński. Sa carrière fut lancée lorsqu’il remporta, à 18 ans, le premier prix du prestigieux Concours Chopin de Varsovie en 1975.
Le pianiste attribue sa jeune victoire d’alors essentiellement à son état d’esprit :
« J’étais sans doute le seul concurrent à ne pas venir dans un esprit de rivalité. Je voulais juste faire passer un peu de bonheur, faire que les gens vivent quelque chose. D’ailleurs, si j’ai finalement remporté la victoire, c’est sans doute justement parce que j’étais complètement détaché, en esprit et physiquement, de la situation de concours. »
Le grand pianiste polonais Krystian Zimerman
– Photo Kasskara/DG –
Après son Prix, il s’installe à Londres où il approfondit sa connaissance de la langue et de la littérature anglaise. Il se retire ensuite du circuit pianistique pour enrichir son répertoire. Surtout reconnu comme spécialiste de Chopin, c’est également un grand interprète de Brahms. Particulièrement exigeant quant à ses propres enregistrements, il a, à plusieurs reprises, fait retirer de la vente des disques déjà gravés (Valses de Chopin, Sonates et Ballades de Brahms) qui avaient pourtant suscité l’enthousiasme de la critique et du public. Krystian Zimerman a également joué avec prestige et perfection, selon de nombreux commentaires, les fameux quatre impromptus de Franz Schubert.
Il ne donne chaque année qu’une cinquantaine de concerts à travers le monde. Depuis quelques années, il voyage avec son propre piano et s’intéresse de près aux possibilités techniques de l’instrument. Il possède chez lui son propre studio d’enregistrement, ce qui ne le pousse pas pour autant à multiplier les disques (moins d’un tous les deux ans). En tant que chef d’orchestre, il a notamment enregistré les deux concertos de Chopin, en dirigeant l’orchestre depuis le piano à la façon des virtuoses du XIXe siècle.
Il vient donc une nouvelle fois à Toulouse, cette année pour célébrer le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Debussy. Nul ne connait encore le contenu exact de son récital. Seul le nom de Debussy apparaît à propos de son programme. Le perfectionnisme de l’interprète permet de supposer que l’image du grand compositeur sera à son avantage. La production pianistique de « Claude de France », dont Krystian Zimerman a publié une splendide intégrale des Préludes en 1994, permet tous les choix.