Le cycle des Présences Vocales s’achève sur un spectacle original, intitulé « Endless Eleven » du compositeur Bertrand Dubedout, co-fondateur du collectif éOle, ce célèbre groupe en résidence à Odyssud et qui se consacre à la création électroacoustique contemporaine. Basé sur des textes d’Emmanuel Kant et Bertrand Dubedout, cette œuvre créée le 2 mars 2012 à Lyon a été déjà représentée plusieurs fois depuis lors.
Endless Eleven, de Bertrand Dubedout, lors de sa création à Lyon – Photo M. Grefferat –
Cette « Action musicale, scénique et vidéographique en onze séquences, pour un percussionniste et un environnement électroacoustique interactif » est le résultat d’une commande de Grame (CNCM Lyon), du Ministère de la Culture et la Muse en Circuit (CNCM Alfortville). « Endless Eleven » illustre, probablement pour la première fois, des textes d’Emmanuel Kant, le grand philosophe allemand. Il s’agit là d’une invraisemblable galerie de portraits où se télescopent un majordome guindé, un maître indien du tablâ, un individu pratiquant le solfège et le squash ( !), une voisine de Kant, le compositeur Hugo Wolf, un Japonais méritant, un certain Koltrane ( ?), dont on cherche désespérément le prénom, le maréchal Tito, un Kandinsky équestre et un quasi Bouddha, sans oublier onze exemplaires du chat de Schrödinger, retrouvés morts ou vifs…
La scène du Théâtre Garonne reçoit donc ce spectacle le 17 avril à 20 h. Pour servir l’œuvre de Bertrand Dubedout, le grand percussionniste Jean Geoffroy est entouré de Gabriele von Beckerath, Takaya Odano, Philippe Rebbot et Frédéric Fachena, pour le casting vidéo. Jean Geoffroy est l’un des plus grands percussionnistes d’aujourd’hui. Son répertoire s’étend de Bach, dont il a transcrit pour le marimba l’intégrale des Suites pour violoncelle et des Partitas pour violon, à la musique de notre temps. La réalisation vidéo, la scénographie et la conception des lumières sont assurées par Christophe Bergon qui était déjà l’auteur de la mise-en-scène de L’Aire du Dire, de Pierre Jodlowski. Christophe Lebreton est chargé du dispositif électronique et de la programmation informatique. Le spectacle bénéficie en outre des contributions vocales du chœur Archipels dirigé par Joël Suhubiette.
Bertrand Dubedout lui-même définit son travail de la manière suivante : « Œuvrer dans le champ artistique aujourd’hui nous semble synonyme de prise en compte d’une nécessité du questionnement sur les fondements d’une écriture musicale et de sa mise en œuvre scénique. C’est la condition pour que l’esthétique échappe à la condition décorative où la confinent tant de « néostalgismes », tous domaines artistiques confondus. Placer un interprète musical mondialement reconnu dans un environnement interactif régi par des flux de probabilités, perturber ses gestes musicaux par des lectures textuelles, faire rebondir le sens dans un univers vidéographique, faire rebondir le son dans un environnement électronique spatialisé : voici quelques-unes des voies que nous voulons explorer dans ce spectacle en réponse à cette impérative injonction. »
Cette œuvre nouvelle mêle, on le voit, évocations philosophiques, sciences, poésie et une certaine dose d’humour. Rappelons-le, le cycle des Présences Vocales associe le collectif éOle, Odyssud-Blagnac, le Théâtre du Capitole et le Théâtre Garonne.