La grande mezzo-soprano russe Olga Borodina sera pour la première fois aux côtés de l’Orchestre national du Capitole pour un programme musical fort et riche. Elle vient à Toulouse interpréter Moussorgski, le 15 décembre, puis accompagne la phalange toulousaine et Tugan Sokhiev à Paris où le même programme sera présenté à la salle Pleyel, le 17.
La carrière internationale d’Olga Borodina démarre après des débuts européens remarqués au Covent Garden de Londres en 1992, dans Samson et Dalila aux côtés de Placido Domingo. En 1997, elle débute au Festival de Salzbourg où elle retournera plusieurs fois, notamment pour Don Carlos (Eboli) en 2003. Elle interprète également La Princesse de Bouillon (Adrienne Lecouvreur – 1999) et Dalila (2002) à la Scala de Milan, ainsi que Carmen, Eboli et Marina (Boris Godounov) à l’Opéra de Paris. Elle débute aux Etats-Unis en 1995 dans La Cenerentola à l’Opéra de San Francisco où elle retourne notamment pour L’Italienne à Alger (2005) et Samson et Dalila (2006). Elle chante pour la première fois au Metropolitan Opera de New York en 1997 (Boris Godounov). Parmi ses nombreuses interprétations sur la scène new-yorkaise, citons Amnéris (Aïda), Carmen, Dalila, Isabella (L’Italienne à Alger), Laura (La Gioconda), Eboli, Marguerite (La Damnation de Faust).
La mezzo-soprano russe Olga Borodina
– Photo Philips Classics –
Tugan Sokhiev, directeur musical de l’ONCT
– Photo Mat Hennek –
La cantatrice sera la soliste du cycle de Modest Moussorgski, Chants et Danses de la mort dont elle est l’une des interprètes privilégiées. Comprenant quatre mélodies écrites en 1875 et 1877, ce cycle est composé sur des textes du poète Arsène Golenistchev-Koutouzov avec lequel Moussorgski s’était lié en 1873. Ces textes illustrent parfaitement la philosophie pessimiste du compositeur. Le langage musical est direct, émouvant, sans paroxysme ni mélodrame. Il s’agit de l’un des grands chefs-d’œuvre de la musique russe en général et de Moussorgski en particulier. Ecrits initialement pour voix et piano, les Chants et Danses de la mort ont donné lieu à plusieurs orchestrations, dont celle de Chostakovitch en 1962.
Ce cycle vocal sera précédé de l’ouverture fantaisie Roméo et Juliette de Piotr Ilyitch Tchaïkovski. C’est sur le conseil de Balakirev que Tchaïkovski entreprit cette composition. Le fondateur du Groupe des cinq donna d’emblée des directives au compositeur quant au plan de l’œuvre et au caractère des thèmes. Tchaïkovski les suivit partiellement. En deux mois, l’ouverture fut prête (1869). Balakirev la soumit alors à une critique méthodique et sans complaisance dont Tchaïkovski reconnut le bien-fondé, puisqu’il procéda bientôt à un remaniement substantiel (1870). La version définitive fut créée à Tiflis le 19 avril 1886 sous la direction d’Ippolytov-Ivanov.
La première des quatre symphonies de Johannes Brahms complètera ce programme. Le compositeur du Requiem Allemand met très longtemps avant de se décider à composer une symphonie ; il est impressionné et même inhibé par l’ombre de Beethoven dont il dit : « C’est un géant dont j’entends toujours les pas derrière moi ». Commencée en 1854, cette partition n’est reprise par le compositeur et menée à bien qu’en 1874-1876. Elle est créée à Karlsruhe le 4 novembre 1876 sous la direction de Felix Otto Dessoff, et reçoit un accueil chaleureux lors de son exécution un mois et demi plus tard à Vienne. Le grand chef d’orchestre Hans von Bülow la qualifia même de « 10ème symphonie de Beethoven » !