Concerts

Menu dégustation 4 étoiles !

Le 22 novembre dernier, les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Toulouse endossaient l’uniforme de marmiton et leur directeur Gilles Colliard celui de chef de cuisine. La phalange toulousaine proposait à son public la deuxième édition de ses concerts « à la criée ».

Les musiciens toulousains en cours de « banquet »

Cette nouvelle manière d’établir un programme musical consiste à demander carrément aux spectateurs présents de choisir eux-mêmes les œuvres qu’ils souhaitent entendre. Ce choix se fait à partir d’une carte très sérieusement distribuée en début de soirée et qui ne contient pas moins de cinq étapes décisives, de l’amuse-bouche au dessert, en passant par les entrées, les plats principaux et les fromages.

Trente-trois plats (donc autant de partitions) différents sont ainsi proposés à l’appréciation de chacun. Une véritable performance hors norme pour tous les musiciens qui ignorent donc, en entrant sur scène, ce que seront les choix du public. Des choix qui dictent en outre celui des instruments à utiliser : baroques ou modernes !

Après un amuse-bouches en quatre étapes, toutes offertes (Bach, Lully, Vivaldi, Mozart), Gilles Colliard, maître d’hôtel stylé, enregistre les commandes de cinq entrées parmi un choix de dix offres. Et c’est alors que l’on comprend le sens de l’appellation de concert « à la criée » ! Les choix se font à l’intensité vocale de chaque spectateur. De Corelli à Haendel, en passant par Leclair, Marais et Purcell, les entrées se dégustent donc sur instruments baroques.

L’instrumentarium se modifie en cours d’ingestion des plats principaux qui s’étalent de Bach à Grieg. Notons l’irrésistible incarnation de « l’ivrogne » par Gilles Colliard, soliste de l’Automne, extraite des Quatre Saisons de Vivaldi…

Deux fromages signés Katchaturian et Britten et pas moins de trois desserts (dont la mousseuse « Pizzicato polka » de Johann Strauss) complètent ce menu copieux et goûteux de plus de deux heures de musique.

On ne sait qu’admirer le plus, du professionnalisme des musiciens, de leur endurance, de leurs talents ou de leur bonne humeur. Quoiqu’il en soit, le public ravi sort de cet auditorium Saint-Pierre des Cuisines (ça ne s’invente pas !) rassasié de belle musique.

Partager