Concerts

L’orchestre victorieux

La cérémonie des Victoires de la Musique Classique, 15ème du nom, organisée pour la première fois à Toulouse, à la Halle-aux-Grains, promettait de constituer un temps fort de la vie musicale toulousaine. Malgré le mouvement de grève qui agitait l’audiovisuel public, elle le fut sans nul doute, et sur plusieurs plans, la retransmission en direct sur FR3 et France Inter ayant été maintenue.

Frédéric Lodéon et Marie Drucker, présentateurs de la soirée des Victoires

Grâce à l’enthousiasme communicatif de Frédéric Lodéon et à l’élégance décontractée de Marie Drucker, les deux présentateurs de la soirée, la succession des séquences vidéo et des artistes invités ne s’est pas résumée à une « manifestation paillettes ». La musique est restée le cœur d’un spectacle bien huilé mais festif.

Néanmoins un point fort se dégage de cette soirée en forme de feu d’artifice. L’attachement enthousiaste du public à SON orchestre, l’Orchestre National du Capitole, et à Tugan Sokhiev, son jeune premier chef invité, plébiscité par les musiciens comme par une assistance sous le charme. Une triomphale ovation debout a d’ailleurs salué la prestation de la phalange toulousaine et de son chef. Frédéric Lodéon n’a d’ailleurs pas ménagé ses compliments à l’endroit d’un orchestre « vivant et vibrant » et de son chef que tous les musiciens s’accordent à trouver « doué, exigeant, mais gentil »…

Autre point fort de la soirée, l’intervention d’une délégation de musiciens de l’Orchestre du Capitole venu recevoir la Victoire d’Honneur qui lui est attribuée. Son représentant n’a pas manqué de faire part de l’inquiétude des milieux artistiques devant la vraisemblable diminution du soutien public aux institutions musicales nationales et régionales.

L’Orchestre National du Capitole sous la direction de Tugan Sokhiev (Photo Patrice Nin)

Une animation musicale de luxe

Mené avec fougue et rigueur par Tugan Sokhiev, l’Orchestre du Capitole, galvanisé par l’environnement, offrait au public et aux téléspectateurs un florilège de musique russe : de l’éblouissante ouverture de Russland et Ludmilla, de Glinka à l’imposante « Grande porte de Kiev » des « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski-Ravel.

De talentueux lauréats, primés lors des précédentes Victoires, étaient également présents. L’impressionnant violoniste serbe Nemanja Radulovic, le grand pianiste toulousain Bertrand Chamayou, l’altiste toulousain d’adoption Antoine Tamestit, le Chœur de chambre « Les Eléments », dirigé par Joël Suhubiette… La surdouée du violon Julia Fischer, apportait également sa contribution raffinée et le grand communicateur Jean-François Zygel analysait avec verve et humour le « fonctionnement » de l’orchestre symphonique.

Un hommage particulier était également rendu aux disparus de l’année 2007, le ténorissime Luciano Pavarotti, la soprano Régine Crespin et le grand Mstislav Rostropovitch dont l’élève, le violoncelliste Xavier Phillips, célébrait la mémoire.

Quelques uns des nommés ont également démontré l’étendue de leurs talents respectifs : le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, la soprano Sandrine Piau et l’ensemble toulousain « Les Sacqueboutiers », particulièrement acclamé par le public.
And the winner is…

Le palmarès des Victoires était particulièrement riche.

Le pianiste David Greilsammer élu

“Révélation soliste instrumental

de l’année”

Trois Victoires d’honneur venaient, sans surprise, récompenser le stupéfiant pianiste russe Evgueny Kissin, le grand baryton toulousain Jean-Philippe Lafont et l’Orchestre National du Capitole.

Dans la catégorie « Soliste instrumental de l’année » Jean-Guihen Queyras était récompensé ainsi que Rolando Villazon dans celle d’« Artiste lyrique de l’année ». L’« Ensemble de l’année » était, pour la troisième fois, l’ensemble vocal « Accentus » (direction Laurence Equilbey), et le « Compositeur de l’année », Eric Tanguy. Le prix de l’« Enregistrement de l’année » revient au surprenant contre-ténor Philippe Jaroussky (Histoire d’un Castrat), alors que le « DVD de l’année » échoit au spectacle de l’Opéra de Montpellier « Jeanne d’Arc au bûcher ».

Les « Révélations 2008 » constituent probablement le volet le plus important du palmarès. Ces récompenses sont un véritable coup de pouce à la notoriété de chaque jeune artiste. Le lauréat de la catégorie « Révélation artiste lyrique de l’année » fut le baryton Thomas Dolié, alors que la « Révélation soliste instrumental de l’année » a été attribuée au pianiste David Greilsammer.

Chacun des nommés a néanmoins recueilli une part de la Victoire commune.

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