Le 4 mars prochain, l’Orchestre National du Capitole invite sa formation symphonique voisine. L’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, placé sous la direction du chef britannique Paul Daniel, jouera une œuvre d’une ampleur exceptionnelle : la Turangalîla-Symphonie composée par le Français Olivier Messiaen sur une trame mêlant amour et mort. Le soliste de cette soirée sera le Toulousain devenu l’un des grands pianistes de notre temps, Bertrand Chamayou.
Le chef d’orchestre britannique Paul Daniel, directeur de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine – Photo Bertrand Lapègue –
Commandée par Serge Koussevitzky et la Fondation Koussevitzky, la Turangalîla-Symphonie fut composée par Olivier Messiaen de juillet 1946 à novembre 1948. Elle fut créée le 2 décembre 1949 au Symphony Hall de Boston par l’Orchestre Symphonique de Boston, sous la direction de Leonard Bernstein, avec la participation de l’épouse du compositeur, Yvonne Loriod, au piano, et Ginette Martenot aux ondes Martenot.
Ecrite pour grand orchestre et deux solistes, piano et onde Martenot, cette partition est considérée par Jacques Longchamp comme « une œuvre un peu monstrueuse, débordante de littérature, un torrent charriant cailloux et pépites ».
Olivier Messiaen lui-même évoque sa partition de la manière suivante : « Turangalîla est un mot sanskrit. Comme tous les vocables appartenant aux langues orientales antiques, il est très riche de sens. Lîla signifie littéralement le jeu : mais le jeu dans le sens de l’action divine sur le cosmos, le jeu de la création, de la destruction, de la reconstruction, le jeu de la vie et de la mort. Lîla est aussi l’Amour. Turanga : c’est le temps qui court, comme le cheval au galop, c’est le temps qui s’écoule, comme le sable du sablier. Turanga : c’est le mouvement et le rythme. Turangalîla veut donc dire tout à la fois : chant d’amour, hymne à la joie, temps, mouvement, rythme, vie et mort. Turangalîla-Symphonie est un chant d’amour. Turangalîla-Symphonie est un hymne à la joie. »
Le jeune et grand
pianiste toulousain Bertrand Chamayou
– Photo Laure Vasconi/Naïve –
Dix mouvements se succèdent, structurés autour de quatre thèmes bien identifiables (thème-statue, thème-fleur, thème d’amour, thème d’accords) qui apparaissent au fur et à mesure, se mêlant les uns aux autres et donnant naissance à des thèmes dérivés. L’orchestre est d’une richesse instrumentale inouïe, avec une partie de piano principal très virtuose, truffée d’imitations de chants d’oiseaux, trois parties de percussion à clavier (célesta, jeu de timbres et vibraphone) qui évoquent les gamelans des îles de la Sonde, et une partie d’ondes Martenot qui plane sur l’ensemble de l’orchestre aux moments de paroxysme.
L’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, qui remplit une mission régionale et nationale, participe aux activités symphoniques et aux représentations lyriques ou chorégraphiques de la capitale aquitaine. Il participe également aux plus grands festivals français (Folle Journée de Nantes, La Roque-d’Anthéron, Euskadi, Orange, Radio France…).
La direction musicale de l’orchestre est assurée, depuis septembre 2013, par le chef d’orchestre britannique Paul Daniel. Chef principal et conseiller artistique du West Australian Symphony Orchestra (2009-2013) et directeur artistique de la Real Filarmonía de Galice depuis décembre 2012, Paul Daniel dirige de nombreuses formations internationales comme le Philharmonia, le London Philharmonic, le Royal Philharmonic, l’Ochestra of the Age of Enlightenment… Il dirige régulièrement de nombreux opéras sur les plus grandes scènes lyriques : Royal Opera House, La Monnaie de Bruxelles, Bayerische Staatsoper, Deutsche Oper Berlin, Opéra National de Paris, Teatro Real de Madrid, Metropolitan Opera de New York (débuts en 2006) et lors des festivals internationaux tels que ceux d’Aix-en-Provence, Aldeburgh et Bregenz.
« Révélation soliste instrumental » en 2006 et « Soliste instrumental de l’année » en 2011 aux Victoires de la musique classique, Bertrand Chamayou est invité par les grandes scènes internationales et les grands festivals. Il poursuit une carrière brillante fondée sur une curiosité sans limite qui lui permet d’explorer les répertoires les plus divers avec une profonde maturité et une énergie musicale admirable. La partie soliste, particulièrement exigeante, de la Turangalîla-Symphonie lui revient très légitimement.
Pour ce qui concerne la partition confiée aux Ondes Martenot, cet instrument étrange inventé par Maurice Martenot en 1928, elle sera jouée par Cynthia Millar.