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L’Italie du Soleil Levant

Lors du dernier concert de la saison de l’Orchestre de Chambre de Toulouse, le 14 juin, Gilles Colliard invitait une personnalité musicale hors du commun, en la personne d’un grand chanteur japonais. Le ténor Shigehiro Sano, diplômé de l’Académie des Arts des Tokyo, s’est spécialisé dans l’interprétation du lyrisme romantique italien : opéra et mélodie. Lauréat de plusieurs grands prix internationaux, dont celui du célèbre concours « Placido Domingo », Shigehiro Sano est devenu une véritable vedette au Japon et se produit dans le monde entier.

Le ténor japonais Shigehiro Sano

Accompagné avec soin et sensibilité par un Orchestre de Chambre tout à sa dévotion, le ténor japonais a balayé un large répertoire qui s’ouvre sur une série d’airs baroques requerrant agilité et sens du legato. L’agilité bien assumée de Shigehiro Sano est celle des mélodies d’Alessandro Scarlatti, « Le Violette » et « Già il sole dal Gange ». Le legato parfaitement maîtrisé fait merveille dans le célèbre « Ombra mai fu » de Haendel.

Le timbre riche du ténor, un peu assombri par un vibrato assez large se coule ensuite parfaitement dans le répertoire des mélodies italiennes de la prolifique période postromantique, avec une prédominance pour la production napolitaine : « Non ti scordar de me » d’Ernesto de Curtis, mélodie à laquelle le grand Beniamino Gigli conféra ses lettres de noblesse, et « Musica proibita » de Stanislao Gastaldon, toutes deux sollicitant une solide « bravoure » vocale.

Francesco Paolo Tosti et ses belles mélodies très « fin de siècle » constitue le socle du répertoire intimiste des ténors italiens. Shigehiro Sano y coule sa voix et sa musicalité avec talent. La nostalgie de « La Chanson de l’adieu » (dans un français très correct), le charme fleuri de « Rosa », l’émotion contenue de « Preghiera » et l’effervescence du célèbre « Marechiare » ouvrent la voie à l’héroïque « Core’ngrato », invocation à la cruelle Catari, de Salvatore Cardillo, déclamé avec conviction. Un nouveau Tosti, de lait et de miel, ouvre la série de bis réclamés par un public enthousiaste.

En intermède de luxe, l’Orchestre de Chambre associe un concerto grosso baroque de Dall’Abaco et l’émouvant « Crisantemi » composé par Puccini à l’intention d’Amédée de Savoie, duc d’Aoste, disparu brutalement en 1890. Une admirable interprétation pleine de pudeur élégiaque.

Beau concert de fin de saison, en attendant les prochaines apparitions de ce bel orchestre devenu indispensable à la vie musicale toulousaine.

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