Concerts

L’escapade espagnole

Les tournées à l’étranger de l’Orchestre du Capitole se succèdent à un rythme soutenu. Elles témoignent de l’intérêt que suscite la phalange toulousaine dans les principales institutions musicales du moment. La réputation de la formation qui a tant œuvré pour la diffusion de la musique française n’est certes plus à faire. Mais le public a soif de découvrir les nouvelles pistes ouvertes par son animateur charismatique, Tugan Sokhiev, qui suscite l’enthousiasme des publics et des critiques.

Tugan Sokhiev et l’Orchestre du Capitole en répétition dans l’Auditori de Barcelone

En outre, Toulouse étant aujourd’hui présélectionnée pour le titre de « Capitale européenne de la culture » en 2013, sa candidature est officiellement soutenue par les quatre composantes de l’Eurorégion Pyrénées Méditerranée, dont la Catalogne. La courte escapade espagnole qui vient d’amener les musiciens toulousains chez nos voisins du sud a donc débuté le 21 avril dernier par Barcelone. Menée à un rythme d’enfer, cette tournée s’est ensuite prolongée le lendemain jusqu’à Valence.

L’étape musicale barcelonaise s’est accompagnée d’une participation officielle de la ville rose. Le nouveau maire de Toulouse, Pierre Cohen, sa première adjointe chargée de la culture, Nicole Belloubet, ainsi que le délégué aux musiques, Jean-Christophe Sellin étaient du voyage afin de tisser de nouveaux liens culturels et artistiques entre les deux territoires.

La visite musicale toulousaine du 21 avril constituait en fait le premier terme d’un échange qui se poursuivra par la venue à Toulouse de l’Orchestre de Barcelone. Ce sera en septembre 2009.

De droite à gauche : Tugan Sokhiev,
chef de l’Orchestre du Capitole et

Jean-Christophe Sellin, délégué

aux musiques de la nouvelle

municipalité toulousaine

Le très bel « Auditori » de Barcelone accueillait donc l’Orchestre du Capitole. Hébergeant trois salles de concert, ce vaste édifice moderne a de quoi faire envie ! Le grand auditorium « Pau Casals » contient 2203 places (Tiens, au fait, pratiquement comme la Halle-aux-Grains !)

Il ménage en outre un volume imposant aussi bien dans la salle elle-même que dans les dépendances admirablement aménagées pour le plus grand confort du public. L’acoustique, enfin, fait le bonheur de chaque spectateur… et de chaque musicien. La rondeur des sonorités, l’ampleur de la dynamique qui jamais ne sature confère ainsi à la phalange toulousaine des couleurs nouvelles.

Il faut dire que la prestation de nos musiciens et de leur chef est à la hauteur de l’événement. Elle recueille d’ailleurs, à l’issue du concert, un véritable triomphe.

A l’ouverture Rosamunde, de Schubert, déclamée comme une vibrante progression vers la lumière, succéde un 2ème concerto pour violon de Mendelssohn revisité par Renaud Capuçon. Le soliste, admirablement soutenu par un orchestre vivant et vibrant, insuffle à l’œuvre une passion dévorante.

Dans la symphonie n° 5 de Tchaïkovski, Tugan Sokhiev et ses musiciens transportent l’auditoire. L’orchestre, amené par son chef à une sorte de point de fusion incandescente, produit là ce que les anglo-saxons appellent un « big sound ». Rondeur, intensité, couleurs, mobilité expressive, lyrisme sont ceux des plus prestigieuses formations symphoniques actuelles. La grande respiration, le mouvement intense, la force tellurique dont Tugan Sokhiev nourrit sa vision de l’œuvre touche au plus profond la sensibilité de chacun. Le bouleversant deuxième mouvement, comme un déchirement qui serre le cœur, restera dans les mémoires. Il faut saluer toutes les interventions instrumentales, et plus particulièrement l’émouvante performance musicale de Jacques Deleplancque qui délivre un solo de cor d’une beauté incomparable.

Deux bis (danse slave de Dvorak et Casse-noisettes de Tchaïkovski) calment à peine l’enthousiasme du public.

Le très beau Palau de la Musica de Valence pendant la répétition du concert de

l’Orchestre du Capitole

Le lendemain, la même ferveur accueille les visiteurs du Palau de la Música, de Valence. Un autre bel auditorium qui en dit long sur l’avance prise par nos voisins en matière de lieux musicaux. Un concert exigeant réunissait deux partitions redoutables pour chaque musicien. La version de 1947 du Petrouchka de Stravinski et « Les Tableaux d’une exposition », de Moussorgski dans l’orchestration de Ravel. Tout au long de ce programme se confirment les grandes qualités de couleurs et de virtuosité des divers pupitres de l’orchestre qui assument crânement la succession des solos instrumentaux de ces deux œuvres redoutables. La palme revient à René-Gilles Rousselot, trompette virtuose, dont l’éblouissante sureté n’a d’égal que la finesse musicale. Là encore Tugan Sokhiev et ses musiciens offrent deux bis, dont une chaleureuse exécution du prélude de Paillasse de Leoncavallo.

Fin de concert pour les musiciens de l’Orchestre du Capitole

Ces deux jours d’intense activité, épuisante pour les plus sollicités des musiciens, n’en révèle pas moins l’amicale complicité qui les unit tous et l’affection confiante et admirative qui lie l’orchestre à son chef. Le déroulement studieux et solidaire des répétitions en est le reflet. Les performances de chacun y sont régulièrement applaudies par tous et l’exigence musicale de Tugan Sokhiev s’accompagne toujours d’une bonne humeur communicative. Souhaitons longue vie à cette association que la nouvelle municipalité toulousaine déclare fermement soutenir, et prenons rendez-vous pour de nouvelles aventures.

Partager