Concerts

Les voix du baroque

Malgré une méchante grippe (seulement saisonnière !) qui affectait les cordes vocales de Gilles Colliard, le directeur de l’Orchestre de Chambre de Toulouse n’a en rien économisé celles (les cordes !) de son violon baroque, impliqué, ce 19 novembre dernier, dans un voyage en territoire devenu familier aux musiciens de l’ensemble toulousain.

L’Orchestre de Chambre de Toulouse, animé par son violon solo Gilles Colliard, lors de ces « Meslanges baroques »

Parcourant un abécédaire des compositeurs de cette riche période, du A de Abel au Z de Zelenka, l’OCT balayait ainsi quelques uns des modes d’expression d’un style qui conduisit, sur plus d’un siècle, de la Renaissance à l’âge classique. Avec un jeu d’une précision admirable, d’une cohésion parfaite, les musiciens toulousains n’ont cessé de déployer ces sonorités soyeuses et ensoleillées que leur permettent leurs instruments anciens équipés de cordes en boyau. Un jeu devenu parfaitement naturel et si idéalement adapté au répertoire ainsi visité.

Pas moins de huit compositeurs et œuvres se succèdent ainsi, variant les humeurs et les atmosphères. La soirée s’ouvre sur un concerto grosso d’Arcangelo Corelli où s’exprime la volubilité la plus légère et les chaleureux mélismes d’une écriture sensuelle et savante. Le contraste n’est pas mince avec l’austérité spirituelle et intime des « Lamentations pour le Carême » du Tchèque Jan Dismas Zelenka. Avec Carl Friedrich Abel, et sa Symphonie en fa majeur, s’ouvre le volet du divertissement galant par lequel le jeune Mozart s’exprimera bientôt. Soulignons la belle découverte du trop oublié Evaristo Felice dall’Abaco. Le mouvement lent de son Concerto en mi majeur résonne comme une émouvante élégie.

Contrastes et vivacité animent la « Lustige suite » (Suite amusante), du plus célèbre Georg Philipp Telemann, dans laquelle alternent joie débridée et méditation. L’« Aria Schiavona », de l’Italien Francesco Maria Veracini, déploie la grâce légère qui est l’apanage de l’école italienne. Une école qui a bien déteint sur le génial Saxon, autrement dit Georg Friedrich Haendel, grand européen avant l’heure, dont le Concerto grosso op. 6 n°8 réserve son lot de surprises aussi bien rythmiques qu’harmoniques. C’est sur le retour à l’Italie profonde de Domenico Scarlatti que se conclut ce programme. Sa très courte symphonie n° 7 éclate comme un éblouissant feu d’artifice.

Un bis encore prolonge un instant cette atmosphère de bonheur avec une pièce étrange et belle de l’un des papes du violon baroque, Pietro Locatelli. A regret, c’est fin du voyage…

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