Bien qu’il soit l’objet de grands travaux, le musée des Augustins de Toulouse ouvre partiellement ses portes pendant la saison estivale. Du 24 juin au 16 octobre, les visiteurs peuvent de nouveau les franchir, dans une configuration originale. L’entrée s’effectue pour la première fois, et de façon exceptionnelle, par la rue Antonin Mercié. A cette occasion, des pauses musicales sont également offertes aux visiteurs.
L’église constitue, au cours de cette période, un lieu privilégié d’exposition des nombreuses œuvres d’art du musée. En particulier, l’impressionnant patrimoine pictural du XIXème siècle qui représente une caractéristique essentielle de l’établissement est ainsi mis gratuitement à la disposition de tous les publics jusqu’à la réouverture de l’ensemble du musée. L’accueil du personnel s’avère d’une grande utilité et aussi, précisons-le, d’une grand amabilité. Le public se presse aussi bien dans l’espace rafraîchissant de l’église que dans celui des deux cloîtres habilement aménagés.
En outre, tous les jeudis, de 18h à 18h30, du 6 juillet au 28 septembre, le musée propose en fin de journée une parenthèse musicale. Selon la programmation, dans le grand cloître ou dans l’église, les visiteurs peuvent s’accorder une pause ! En outre, ces manifestations sont gratuites, en accès libre.
Les programmes de ces propositions couvrent un large répertoire musical animé par de brillants artistes. En voici la liste exhaustive :
- Jeudis 6 et 13 juillet
Jeanne Fauveau, flûte et Andréa Zribi, violoncelle
Sonate en mi mineur, J. S. Bach,
Assobio a Jato, H. Villa-Lobos.
- Jeudis 20 et 27 juillet
Victor Havard, clarinette et Andréa Zribi, violoncelle
Duo n° 3 opus 27, L. v. Beethoven
Night Music, N. Bacri
Nightclub 1960, A. Piazzolla.
- Jeudi 3 août
Kasumi Hamano, orgue
Toccata 5, G. Muffat
Est-ce Mars ?, J. P. Sweelinck
Fantasy Ut re mi fa sol la, J. J. Froberger
Fugue in d minor BWV 539, J. S. Bach.
- Jeudi 10 août
Afonso Torres, orgue
Prélude en mi majeur Bux WV 141, D. Buxtehude
Fantaisie-chorale sur « Ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ », V. Lübeck
Toccata en mi majeur BWV 566, J. S. Bach.
- Jeudi 17 août
Mary Jeanne Lassalle Brethes et Victor Madrènes, saxophones
Œuvres de A. Piazzolla, E. Granados et Marin Marais.
- Jeudis 24 et 31 août
Maud Cadic et Marie Slimane, contrebasse hautbois / cor anglais
Café 1930, Histoire du tango, A. Piazzolla
Youkali, K. Weill
Chiquilín de Bachín, Adios nonino, J’attends, A. Piazzolla.
- Jeudi 7 septembre 2023
Étienne Berny, orgue
Triple concerto pour deux violons et violoncelle en ré mineur, A. Vivaldi (transcription de J. S. Bach),
La Toccata, Adagio et Fugue, J. S. Bach.
- Jeudi 14 septembre 2023
Mary Jeanne Lassalle Brethes et Victor Madrènes, saxophones
Œuvres de A. Piazzolla, E. Granados et Marin Marais.
- Jeudi 28 septembre 2023
Willem Jansen, orgue
Programme surprise.
La pause du 27 juillet
Entourés d’une foule nombreuse et familiale, Victor Havard, clarinette et Andréa Zribi, violoncelle présentent ce soir-là un programme musical aussi largement ouvert qu’intelligemment conçu. Présentées avec pédagogie et sensibilité par les interprètes eux-mêmes, les trois œuvres ainsi offertes couvrent un répertoire de près de deux siècles.
Ce mini-concert d’une demi-heure s’ouvre sur deux mouvements du Duo n° 3 opus 27, composé par Ludwig van Beethoven à l’époque de sa Symphonie n° 3 dite « Héroïque ». L’œuvre originale est conçue pour clarinette et basson. Les interprètes ont habilement adapté au violoncelle la partie de basson, conservant ainsi la tessiture de la partition et son esprit lumineux et animé.
L’enchaînement avec la pièce suivante ménage un beau contraste en même temps qu’il traduit une belle initiative. Une œuvre intitulée Night Music, du compositeur d’aujourd’hui Nicolas Bacri, ouvre une séquence consacrée à la nuit. Cette pièce sombre et profonde, originalement écrite pour clarinette et violoncelle, ménage un beau dialogue, nostalgique et subtil, entre ces deux instruments.
Cette atmosphère nocturne se prolonge avec Nightclub 1960, de l’Argentin Astor Piazzolla, troisième volet de son Histoire du Tango, écrite pour flûte et guitare. Sa transposition pour la clarinette et le violoncelle sonne avec un naturel absolu. Certes la nuit résonne ici d’accents joyeux bien différents de ceux de la pièce de Nicolas Bacri. La danse y a sa part. Au point de susciter quelques mouvements « chorégraphiques » d’une petite fille, visiblement inspirée par la musique…
L’atmosphère particulière de cette pause musicale, la présence proche d’un public décontracté mais néanmoins respectueux, les bruits environnants, confèrent à ces séquences une convivialité réjouissante, un ton « populaire » au sens noble du terme. Souhaitons la poursuite de cette belle initiative.
Serge Chauzy