En avant-première du concert de l’Orchestre national du Capitole dédié au trombone, une rencontre autour de cet instrument rutilant a été organisée à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse) le jeudi 20 mars dernier. Organisée en partenariat avec Aïda, l’association des entreprises et institutions mécènes de l’Orchestre et de l’Opéra national du Capitole, cette réunion riche d’informations a donc été suivie d’un double concert de l’Orchestre national du Capitole donné les 21 et 22 mars à la Halle aux Grains.
La brillante rencontre autour du Trombone
L’INSA a donc accueilli cette célébration instrumentale du 20 mars, composée d’une table ronde et d’une illustration musicale. Cet événement, organisé en partenariat avec Aïda ainsi qu’avec la classe de trombone de Daniel Lassalle du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse témoigne des liens étroits qui se sont tissés entre le monde de l’éducation et ceux de la culture et de l’entreprise.
Accueillis par Laurent Grégoire, Directeur des filières artistiques de l’INSA, et Pierre d’Agrain, Président d’Aïda, les spectateurs assistent à une succession de rubriques riches d’informations, présentée par Vincent Lauga, le Délégué général d’Aïda. Est ainsi soulignée la création mondiale, lors des deux concerts des 21 et 22 mars, du Concerto pour trois trombones et orchestre, Tribones, du grand trompettiste et compositeur Thierry Caens. C’est en présence du compositeur et des trois solistes, Joël Vaïsse, Louise Ognois et David Locqueneux, que le débat s’instaure.

Il est suivi d’une intéressante présentation du « Trombone à travers les âges » menée avec compétence et humour par Michel Becquet, grand tromboniste français, et Daniel Lassalle : de la sacqueboute des temps anciens à l’instrument moderne. L’annonce de la prochaine sortie d’un album CD de la classe de trombone du Conservatoire permet d’évoquer les liens qui existent entre l’Atelier des Sacqueboutiers (émanation du célèbre ensemble de cuivres anciens de Toulouse, Les Sacqueboutiers), l’association Aïda et le Limoux Brass Festival.

Une spectaculaire illustration musicale réunit ensuite les élèves (anciens et récents) de la classe de trombone du Conservatoire. Dirigés successivement par Daniel Lassalle, Michel Becquet et Olivier Lachurie, professeur au Conservatoire de Toulouse, les élèves musiciens (plus d’une vingtaine !) illustrent les multiples répertoires possibles, comme certaines musiques de film, notamment 2001 Odyssée de l’espace, ou encore Pirate des Caraïbes. Ces musiciens réalisent là de véritables performances d’une perfection technique et musicale du plus haut niveau.
Les grands concerts
Le 21 mars, sous l’égide de l’association Aïda, et le 22 mars, comme concert Happy Hour, l’Orchestre national du Capitole, dirigé par la cheffe autrichienne Katharina Wincor, invitée pour la première fois à Toulouse, a donc présenté un programme musical autour du trombone. Le concert Aïda du 21 mars a été ouvert par les allocutions de Claire Roserot de Melin, Directrice générale de l’Etablissement public du Capitole, et de Pierre d’Agrain, Président de l’association Aïda.
Animé avec talent et humour par Louis Darmaillacq, tromboniste au sein de l’Orchestre, le programme s’ouvre sur une intervention d’un jeune ensemble de sacqueboutes, l’ancêtre du trombone, qui joue une pièce emblématique de la Renaissance, la Bataille de Tielman Susato (1551). Une très belle introduction largement applaudie !

La suite du programme se compose tout d’abord de deux partitions du grand répertoire romantique qui sont suivies par la création mondiale de Tribones, de Thierry Caens, présent dans la salle. Katharina Wincor dirige tout d’abord l’Ouverture tragique, de Johannes Brahms. L’énergie de sa direction s’accompagne d’une grande précision et d’un sens louable des nuances. Les mêmes qualités caractérisent l’exécution de La Grande Pâque russe de Nicolaï Rimski-Korsakov. L’éclat orchestral caractérise ces deux épisodes avec un focus évident sur la participation du pupitre des trombones dont la solennité des interventions renforce tout particulièrement les couleurs de la pièce de Rimski-Korsakov.
A la suite de ces deux partitions connues, la création mondiale de Tribones, le Concerto pour trois trombones et orchestre de Thierry Caens, constitue l’élément de découverte absolue de chacune des deux soirées. L’écriture de cette œuvre nouvelle se révèle aisée à suivre, séduisante et pleine de couleurs et de contrastes. Les trois solistes, Joël Vaïsse, David Locqueneux et Louise Ognois, s’investissent totalement dans cette partition jubilatoire.

Le premier mouvement, intitulé simplement Prélude, débute dans une atmosphère de mystère et évolue peu à peu vers plus d’éclat. Le deuxième volet, Romance, distille une sorte de tendresse lyrique. Les trois instruments solistes dialoguent, échangent des éléments mélodiques comme on converse. Le troisième mouvement, intitulé Jota, ne cache pas ses influences hispanisantes ! Il débute par un astucieux solo pizzicato de contrebasse (excellent Damien-Loup Vergne) et se poursuit par l’intervention sans ambigüité de castagnettes. Le Final, joyeux et stimulant, introduit quelques effets comiques que multiplient les échanges entre les trois instruments solistes. Une belle ovation est adressée à ces musiciens d’un très haut niveau aussi bien technique que musical ainsi qu’à l’orchestre dirigé avec précision par Katharina Wincor.

La soirée ne s’achève pas sur ce programme. Une troupe joyeuse de jeunes trombonistes envahit le plateau de la Halle aux Grains, se joint aux solistes et prolonge encore l’animation musicale en introduisant quelques éléments de jazz. Un moment rare et jubilatoire salué avec enthousiasme par un public galvanisé. La fête du trombone ne s’oubliera pas de sitôt !
Serge Chauzy