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Le triomphe de la diva

Cecilia Bartoli n’est pas une cantatrice comme les autres. A la lumière des grandes destinées du passé, elle se passionne pour la recherche d’une authenticité de la restitution musicale. Son exploration de l’art et de la vie de Maria Malibran, la diva mythique du 19ème siècle, représente sa quête la plus récente.

La mezzo-soprano romaine Cecilia Bartoli (photo DECCA)

Invitée à Toulouse par les Grands Interprètes pour illustrer cette quête, elle a recueilli, le 23 février dernier, un triomphe digne des pop stars les plus adulées. A l’issue de son récital toulousain, une ovation debout a spontanément soulevé la Halle-aux-Grains pleine à craquer. C’est dire l’impact de son art, l’impact de sa personnalité sur un public médusé par tant d’implication artistique, tant d’énergie, de vitalité offertes généreusement.

Dès sa parution, dans une robe à traîne flamboyante, elle conquiert immédiatement l’audience qui l’accueille comme une reine. Il est vrai que Cecilia Bartoli s’immerge totalement dans son art du chant. Elle joue de tout son corps, de ses bras, de son visage. Son éblouissante technique vocale sait se faire oublier, la virtuosité jubilatoire qu’elle déploie avec une désarmante facilité nourrissent des interprétations d’une apparente spontanéité, mais qui, n’en doutons pas, résulte d’un travail approfondi des textes et des partitions. Et puis comment ne pas admirer la qualité incomparable de la diction, la mise en relief de chaque mot, de chaque inflexion, traduisant ainsi l’âme de chaque aria ?

Toute la palette de son pouvoir expressif est ainsi mise au service de ce répertoire romantique deux fois centenaire et comme actualisé. Les prodigieux contrastes d’humeur de l’air de « La figlia de l’aria » du propre père de la Malibran, Manuel Garcia, la nostalgie infinie de « Cari giorni » extrait de « Ines de Castro », de Persiani, le drame romantique de l’air « Infelice » de Mendelssohn donnent la mesure de la musicalité et de la sensibilité de la cantatrice. Le feu d’artifice de la scène finale de « La Cenerentola », l’émotion poignante de l’air du saule de « Otello », de Rossini, ainsi que la langueur de l’aria de « La Sonnambula », de Bellini, contrastent magnifiquement avec l’hilarante tyrolienne de Hummel dans laquelle Cecilia Bartoli éclate de rire en chantant. Du bonheur, rien que du bonheur !

Cecilia Bartoli en concert avec le Kammerorchesterbasel

Il faut également louer les interventions orchestrales du Kammerorchesterbasel, cette belle phalange suisse dont chaque jeune musicien, jouant sur instrument d’époque, accompagne à merveille le timbre riche de la belle Cecilia. Les pièces instrumentales qui s’intercalent entre les arias brillent également de tous leurs feux. On admire en particulier les ouvertures rossiniennes, de « Tancredi » et de « Il Signor Bruschino ». Une mention spéciale doit être accordée à la dynamique « Konzertmeizter » de l’ensemble, la violoniste Julia Schröder, qui devient la soliste d’un mouvement de concerto signé du propre époux de La Malibran, Charles-Auguste de Bériot.

Une soirée de rêve !

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