Le 3 mars dernier, la Halle aux Grains accueillait un événement exceptionnel concernant la saga des « Cantates sans filet » menée par l’Ensemble Baroque de Toulouse et son directeur Michel Brun. Il s’agissait de la présentation de la 100ème des 200 cantates connues de Johann Sebastian Bach bénéficiant de ce projet fou d’intégrale !
Rappelons que cette décision d’exécuter l’ensemble des cantates de Johann Sebastian Bach mobilise le Chœur et l’Ensemble Baroque de Toulouse sous la direction musicale de Michel Brun depuis janvier 2007. Ce projet fou, mais surtout passionné, convoque les nombreux curieux et amateurs du génial Cantor de Leipzig un dimanche après-midi par mois pour assister non seulement à l’interprétation de la cantate choisie, mais également à la répétition qui précède le concert. Comme le proclame chaque annonce, « Ce n’est pas un concert » ! Il s’agit en effet d’un nouveau concept de spectacle musical.
Les musiciens de l’Ensemble toulousain ont décidé de jouer le jeu, c’est-à-dire de se placer au plus près des conditions de l’époque qui amenaient Bach à composer au jour le jour. Si le projet s’intitule « Cantates sans filet », c’est que la répétition publique qui précède immédiatement le concert est la seule qui réunit musiciens et chanteurs. Partitions en main, les musiciens, les choristes et les solistes se retrouvent pour une répétition ouverte au public une heure et demie avant l’interprétation finale de la cantate. Le Directeur artistique, Michel Brun, ponctue cette rencontre d’explications et anecdotes qui plongent le public dans l’époque baroque et l’œuvre de Bach. Les spectateurs peuvent ainsi découvrir en direct la chaîne du travail des interprètes qui conduit à l’exécution finale. Toute l’assistance est en outre invitée à chanter avec les interprètes le choral final de chaque cantate dont la partition est distribuée à tous les spectateurs.
La mi-parcours du 3 mars
Ce dimanche-là, la Halle aux Grains est pleine à craquer de spectateurs curieux de retrouver ou de découvrir cette rencontre hors norme avec le compositeur universellement fêté de ces cantates dont la moitié a déjà été explorée. On remarque en particulier la présence de familles et d’enfants de tous âges attirés par l’originalité de l’événement. Comme à son habitude, Michel Brun accueille le public chauffé à blanc et lui apporte une multitudes d’informations, d’anecdotes, de commentaires avec la passion et l’humour dont il est coutumier. Il insiste une fois encore sur l’importance du texte sur lequel Bach élabore sa musique. Cette 100ème Cantate porte évidemment ce numéro symbolique de BWV 100. Son titre « Was Gott tut, das ist wohlgetan » (Ce que Dieu fait est bien fait) se retrouve au début de chacun des six épisodes qui la composent, qu’il soit confié au chœur ou aux solistes, ici quatre jeunes chanteurs.
L’Ensemble et le Chœur Baroque de Toulouse sont particulièrement fournis ce soir-là. Ils sont en outre secondés par une dizaine de chœurs invités appelés à rejoindre l’ensemble pour le choral final aux côtés de l’assistance elle-même. Le déroulement de cette Cantate BWV 100 comporte six épisodes successifs : un Chœur d’entrée, un Duetto alto -ténor, une Aria de soprano, une Aria de basse, une Aria d’alto et le Choral final. On admire successivement la qualité des solistes vocaux que sont la soprano Clémence Garcia, l’alto Paula Cossin, le ténor Arthur Pérot et la basse Aurélien Pernet. En outre, à côté du continuo dont Michel Brun nous explique les détails de la fonction, deux instruments solistes jouent magnifiquement un rôle particulier dans cette pièce, la flûte traversière (ou traverso), jouée par Alice Szymanski, et le hautbois d’amour de Xavier Myquel.
A la fin du travail de répétition, abondamment commenté par le chef, le public s’essaie prudemment à chanter le choral final… Puis vient le moment de l’exécution continue de la Cantate que la ferveur transcende. Même le choral final prend une autre dimension.
Michel Brun ne manque pas de remercier tous les bénévoles, musiciens compris, tous les soutiens grâce auxquels cette opération unique peut se prolonger. Le public met un certain temps à quitter ce lieu, comme à regret.
Plus que 100 cantates… Longue vie au projet des « Cantates sans filet » !
Serge Chauzy