L’Orchestre national du Capitole célèbre les fêtes de Noël et du Jour de l’An de plusieurs façons et à plusieurs reprises. Ce samedi 16 décembre, dans le cadre des concerts baptisés Happy Hour, c’est à deux des pupitres les plus « sonores » de l’orchestre de faire la fête, les cuivres et les percussions. Cerise sur le gâteau, les voix juvéniles de la Maîtrise de Toulouse se joignent aux instruments.
En cette fin d’après-midi, la Halle aux Grains pleine à craquer accueille un public chamarré au sein duquel les jeunes enfants manifestent une joie permanente. Et pourtant, la durée du spectacle dépasse largement l’heure habituelle de ces concerts de fin d’après-midi. Reconnaissons que le choix du programme largement festif facilite l’accès et l’attention grâce à la succession des œuvres musicales d’une variété particulièrement attractive.
Les pupitres de cuivres et de percussions de l’Orchestre national du Capitole ont atteint un niveau d’excellence que les habitués des concerts symphoniques toulousains connaissent et reconnaissent. Tout au long de cette fin d’après-midi, ces musiciens accomplis brillent de tous leurs feux dans un programme qui réclame de leur part une résistance technique et artistique peu courante.
Le chef d’orchestre invité manie avec talent l’art de présenter les pièces proposées. Florent Didier, qui a été le Directeur musical et artistique du Paris Brass Band de 2008 à 2020, connait sur le bout des doigts cette pratique instrumentale. Il s’inscrit dans cette nouvelle génération de musiciens ouverts sur la diversité des esthétiques et des formes orchestrales. C’est avec finesse et humour qu’il annonce les œuvres présentées. Comme il l’indique en ouverture, la presque totalité des pièces d’origines diverses jouées ce soir-là a été transcrite par un expert en la matière, Nicolas Chatenet, trompette super-soliste de l’Orchestre National de l’Opéra de Paris dès 2016, présent sur l’estrade de la Halle aux Grains parmi ses collègues toulousains. Dans quelques-unes de ses transpositions excellent deux instruments plus rares que cors, trompettes, trombones et tubas : le bugle et l’euphonium que quelques solos virtuoses mettent en valeur.
La partie chorale du programme est assurée par la remarquable Maîtrise de Toulouse, formée au sein du Conservatoire de Toulouse et dirigée avec la constance et le talent que l’on sait par Mark Opstad. Enfin notons que les cuivres et les percussions sont accompagnées par un piano, une harpe et l’orgue tenu par le spécialiste toulousain bien connu internationalement, Michel Bouvard.
La variété du répertoire musical visité ce soir-là s’ouvre sur le premier volet particulièrement exultant du Magnificat de Johann Sebastian Bach. Une sorte de référence de la jubilation que les cuivres s‘attribuent avec bonheur et dans laquelle excellent les voix juvéniles du chœur. Premier contraste, la suite du ballet Casse-Noisette de Piotr Illich Tchaïkovski, dans cette version « cuivrée », introduit la danse.
La Maîtrise intervient alors dans une série de quatre chants de Noël a cappella dirigés par Mark Opstad. Deux Noëls en langue occitane, Noël Occitan et Noël Nouvelet, sont suivis de deux chants traditionnels britanniques signés Becky McGlade et Iain Farrington (un brin jazzy !), comme pour un retour aux racines de cet art choral.
Dans tout le reste du programme la musique de film tient une place importante. John Williams occupe là une place indiscutable aux côté de Alan Silvestri dont la Suite Polar Express fait retentir le fameux et traditionnel Jingle Bells. La référence au film culte de Noël, Maman j’ai raté l’avion, prend ici la forme d’une transcription pour cuivres, percussion et voix de la partition originale de John Williams.
Néanmoins on remarque la belle version pour cuivres d’un chant d’origine grégorienne, O Magnum Mysterium, de Morten Lauridsen, joué avec toute l’intériorité que suggère la musique.
Une séquence particulière autour de New York bénéficie de la participation de la chanteuse originaire de Toulouse, Julie Santamans. Trois des chansons à la gloire de la grosse pomme, popularisées par Frank Sinatra, rappellent les musiques de Dizzy Gillespie (Santa Claus is coming to town), Jule Stein (le célèbre Let it snow !) et le mythique New York, New York, de John Kander. Julie Santamans déploie ici une gouaille réjouissante.
La conclusion du concert marque un retour vers la référence baroque. Extrait du Messie de Georg Friedrich Haendel, le célébrissime Hallelujah mobilise le chœur et les instrument- dans cet hymne devenu universel !
Serge Chauzy
Programme du concert donné le 16 décembre 2023 à la Halle aux Grains de Toulouse :
BACH Magnificat
TCHAÏKOVSKI Suite de Casse-Noisette
NOËL OCCITAN Anan auzi las aubados
NOËL NOUVELET
MCGLADE In the bleak midwinter
FARRINGTON Nova Nova
WILLIAMS Carols Of The Bells
LAURIDSEN O Magnum Mysterium
GILLESPIE Santa Claus is Comin’ to Town
WILLIAMS Home Alone
SILVESTRI Suite from the Polar Express
STYNE Let it snow!
KANDER New York New York
HAENDEL Hallelujah